Réactions au Mali à la fin de l'opération Barkhane
11 juin 2021Après la suspension temporaire de ses opérations conjointes avec l'armée malienne, l'annonce faite par Emmanuel Macron sur la fin de l'opération Barkhane à travers la réduction des troupes constitue un "non-événement" pour Siriki Kouyaté du mouvement Yerewolo débout sur les remparts, une organisation de la société civile malienne hostile à la présence militaire française au Mali et dans le Sahel.
"Nous pensons que la France fait un jeu. Et nous n'avons pas d'intérêt dans ce jeu-là. Les propos d'Emmanuel Macron sont ambigus parce que nous ne savons pas concrètement ce qu'il propose.'' explique-t-il, avant d'ajouter : "Nous sommes très clairs sur notre position. Le mouvement Yerewolo, debout sur les remparts, exige le départ pur et simple de l'opération Barkhane. Nous pensons également que les forces internationales constituent une menace pour la survie du Mali."
Vers des nouveaux partenaires militaires ?
Selon Aboubacar Sidick Fomba, président du parti Alliance démocratique du peuple malien (ADPM) et membre du Conseil national de transition, c'est le moment ou jamais pour les autorités maliennes de changer de partenaires.
"C'est la confirmation de l'échec de l'armée française au Mali. Je crois que c'est une très bonne opportunité que nous devons saisir pour changer la forme du traité de coopération militaire avec la France en exigeant son départ immédiat du territoire malien. En même temps, en profitant d'adresser des demandes de coopérations militaires à la Russie, à la Chine, à la Turquie et à toutes coopérations utiles afin que le Mali puisse s'en sortir" , estime Sidick Fomba.
''La France cherchait une occasion et un alibi pour partir''
Le rôle de la France n'avait jamais été de se substituer aux Etats africains, a ainsi déclaré le président français tentant de justifier cette décision autour de la réduction des troupes de Barkhane, qui est de 5100 hommes actuellement. Pour sa part, Alexis Kalembry, éditorialiste à Mali Tribunes, pense que la décision de d'Emmanuel Macron était prévisible.
"Depuis le sommet de Pau, il était évident que la France cherchait un moyen de se retirer du Sahel. La constitution de la force Takuba était en prélude à ce retrait '', estime-t-il.
''La France cherchait une occasion et un alibi pour partir. Le second coup d'État au Mali lui a fourni les arguments qu'elle cherchait", ajoute Alexis Kalembry.
La nouvelle organisation devrait s'orienter autour des forces spéciales européennes qui viendraient en appui aux forces armées maliennes et nigériennes.