Shirin Ebadi à la Deutsche Welle
13 juillet 2009Lors de la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, Shirin Ebadi était en Espagne, pour une conférence internationale. Elle n'est plus rentrée en Iran depuis, à la demande du Cercle des défenseurs des droits de l'homme qu'elle dirige. Cette avocate de 62 ans n'a de cesse de dénoncer le résultat de la présidentielle du 12 juin dernier. Elle appelle l'Union européenne à prendre des sanctions politiques :
« En soulignant l'importance de sanctions politiques, je pense par exemple à la possibilité qu'ont les pays européens de rappeler leurs ambassadeurs. Il ne s'agit pas de rompre les relations diplomatiques, mais par exemple de déclasser les ambassades en les transformant en de simples consulats. Ce genre d'action ne nuit pas à la population, mais pointe du doigt en revanche l'isolement du gouvernement. »
Ce qui nuit en revanche à la population, ce sont les sanctions économiques´, souligne le prix Nobel de la paix. Shirin Ebadi se prononce en faveur de la poursuite des relations économiques avec Téhéran, mais contre la livraison d'armes et de technologies qui contribuent à faire taire les manifestants:
« Demandez à Nokia et à Siemens pourquoi ils ont livré des techniques rendant possible le contrôle d'internet et de la téléphonie mobile. A l'aide de ces installations, on opprime les gens en Iran ! »
Shirin Ebadi se réjouit en tous cas de l'attitude de l'Association des enseignants et chercheurs de l'école théologique de Qom. Ces religieux réformateurs, très écoutés en Iran, ont mis en cause le résultat de la présidentielle. Ils ont également critiqué la répression des manifestations qui ont fait au moins 20 morts.
« La brutalité de la répression a été telle que le clergé a dû réagir. Grâce à ces protestations de la part de dignitaires religieux, le gouvernement perd toute sa légitimité. »
La police affirme que 1032 personnes ont été arrêtées en marge des manifestations, dont la plupart ont été libérées. Les organisations de défense des droits de l'homme estiment toutefois que de nombreux opposants sont encore détenus.