"Si l'État protégeait tout le monde, on n'en serait pas là"
7 mars 2023
En République démocratique du Congo, le M23 a fait savoir qu'à partir de ce mardi 7 mars, il va respecter un cessez-le-feu dans la province du Nord-Kivu.
Une annonce qui est loin de satisfaire les membres de la société civile qui rappellent que ce n'est pas la première fois que le mouvement rebelle fait ce genre de promesse sans la respecter. Stewart Muhindo, chargé d'information au Centre de recherche sur l'environnement, la démocratie et les droits de l'Homme (Creddho), l'annonce d'une suspension des combats est toujours une bonne nouvelle mais il ne se fait pas trop d'illusion.
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Stewart Muhindo : On se réjouit du fait que les parties prenantes se soient engagées à observer un cessez-le-feu. Mais au même moment, on ne se fait pas d'illusions. On sait que, à tout moment, elles peuvent ne pas respecter leurs engagements comme elles l'ont toujours fait. Et donc la question devrait être dans notre capacité à imposer le cessez-le-feu ou à peser sur les acteurs au moment où le cessez-le-feu n'est pas respecté. Alors, est ce que les sanctions annoncées par la France sont de nature à dissuader les parties prenantes ? On espère qu'elle passera aux actes et qu'elle ne s'arrêtera pas à la simple promesse.
DW : Alors, Monsieur Muhindo, que préconisez vous par rapport à ce groupe rebelle qui ne cesse de gagner du terrain dans le Nord-Kivu?
Stewart Muhindo : Il faut que les FARDC soient renforcées afin qu'elles soient en mesure de protéger le Congolais et de protéger leur territoire.
Nous pensons qu'il faut juger les responsables des crimes qui sont en train d'être commis par les M23 et par tous les autres acteurs armés.
La troisième solution pour nous, c'est de mettre en place un programme de démobilisation de désarmement et de réinsertion pour essayer de donner une issue digne à tous ceux qui veulent quitter les groupes armés, y compris les M23.
On ne va pas se voiler la face, ce n'est pas que le M23 qui menace la sécurité des Congolais. Il y a plusieurs groupes armés et leurs membres. Certains d'entre eux, en tout cas, veulent quitter cette lutte armée, mais n'ont malheureusement aucune issue qui leur est proposée.
Nous pensons qu'il faut qu'on ait une gouvernance qui réponde aux besoins des Congolais, parce que derrière chaque milice, il y a une revendication économique, sociale, ethnique. Juste une revendication qui aurait pu trouver une solution avec une gouvernance sérieuse, y compris d'ailleurs pour le M23. Parce que si jamais les accords qui ont précédemment été signés avaient été respectés et que l'Etat avait la force de s'imposer, de protéger tout le monde, on n'en serait pas arrivé là. Et c'est ça qu'il faut construire. C'est construire cet Etat qui est en mesure de protéger tout le monde, de protéger notre pays et de répondre aux besoins fondamentaux des Congolais.