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" La réponse humanitaire en RDC est sous-financée", Bruno Le Marquis

9 mai 2024

Le coordonnateur humanitaire de l’ONU en République démocratique du Congo, Bruno Lemarquis, était récemment à Goma dans l'Est de la RDC où il a lancé un appel urgent à plus d’assistance pour des millions de personnes affectées par les conflits.

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La situation humanitaire en République démocratique du Congo est la plus grave et la plus oubliée de l'histoire du monde, selon le coordonnateur humanitaire des Nations unies, qui a conduit une importante délégation d'ambassadeurs et de donateurs membres de la communauté internationale dans la ville de Goma, dans le nord-est du pays, afin de comprendre la situation actuelle. Avec plus de sept millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, la coordination humanitaire en RDC s'efforce de fournir une aide aux femmes et aux enfants qui se trouvent actuellement dans plus de 140 sites déplacés autour de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, ainsi que dans les provinces du Sud-Kivu et de l'Ituri. Ruth Alonga s'est entretenue avec Monsieur Bruno Le Marquis.

Suivez l'entretien avec Bruno Le Marquis.

DW : Monsieur Bruno Le Marquis Bonjour. Vous êtes coordonnateur humanitaire en RDC. Il y a deux mois, vous avez lancé le plan de réponse humanitaire en 2024.  Il faut, selon ce plan, un total de 2,6 milliards de dollars pour couvrir les besoins humanitaires. Où en est la collecte de fonds deux mois après le lancement de ce plan ?

Il y a en RDC à peu près 25 millions de personnes qui ont des hauts niveaux de vulnérabilité et qui sont en situation d'insécurité alimentaire. Donc, c'est la plus grande population au monde qui est en situation d'insécurité alimentaire. Deuxième chiffre, parmi ces 25 millions, nous avons priorisé 8.7 millions de personnes qui sont les plus vulnérables, y compris toutes les populations déplacées. C'est elle que vise ce plan.

Ce plan de réponse humanitaire vise à apporter une assistance d'urgence à ces 8.7 millions de personnes qui sont les plus vulnérables, y compris toutes les populations déplacées. Et pour faire cela, nous avons besoin de 2.6 milliards de dollars. À la date d'aujourd'hui, nous sommes à peu près à 16 %. Ça veut dire que nous sommes très loin d'avoir les moyens nécessaires pour répondre à la hauteur à cette crise. Si on regarde sur une perspective historique de plusieurs années, on voit que la réponse humanitaire en RDC est généralement sous financée à moins de 50 %. Mais, ces dernières années, on a noté une petite baisse dans le financement, même moins de 50 %.

Et en 2023, nous étions à 40 %. Donc, ça dénote plusieurs choses. D'abord, ça dénote qu'il y a une énorme pression d'autres crises sur les ressources des partenaires. Donc, les deux dernières années, il y a eu des énormes crises qui ont absorbé énormément de ressources dans le monde, notamment la guerre en Ukraine et maintenant la crise à Gaza. Mais, il y a aussi des désastres naturels, par exemple, le tremblement de terre en Turquie, etc.

L'autre chose, c'est de remercier tous nos partenaires, tous nos bailleurs, parce que même si la crise est sous-financée, on parle de montants considérables. En 2023, la communauté internationale a contribué à hauteur de 900 millions de dollars. Donc, c'est beaucoup d'argent, mais ça reste insuffisant compte tenu de l'immensité des besoins. Et c'est pour ça que nous lançons vraiment un cri d'alarme à travers la mission à laquelle je participe. Un cri d'alarme par rapport à la nature dramatique de la crise humanitaire dans l'est de la République démocratique du Congo.

 

DW : Monsieur Bruno Le Maire,  même le gouvernement n'a presque aucune idée de comment vivent les habitants de Saké, du moins ceux qui y sont restés. Comment faire alors dans ces conditions, pour prendre les vraies mesures de la situation humanitaire ?

 

Nous travaillons de manière très étroite avec le gouvernement de la République démocratique du Congo. La mission à laquelle je participe là, il y a quinze États membres, dont onze ambassadeurs ainsi que la représentation de l'Union européenne. Et nous sommes aussi, avec le ministre national de l'Action humanitaire et des affaires sociales et de la solidarité.

Nous travaillons avec le gouvernement dans tous les territoires où nous sommes, y compris à travers les services publics, les écoles, le système éducatif, le système de santé, etc. Donc, je pense qu'il y a une très bonne information au niveau du gouvernement de la situation. Et les partenaires humanitaires sont là pour appuyer parce qu'on comprend bien toutes les contraintes qu'il y a. Les besoins sont tellement immenses, donc on travaille main dans la main. C'est ce qu'on appelle la communauté humanitaire. Les agences des Nations unies, les ONG internationales qui sont souvent en première ligne dans les communautés, les organisations de la société civile et les organisations non gouvernementales congolaises.

DW : Et en parlant de l'impact de l'action humanitaire, de l'action humanitaire sur les vies de populations, l'écart entre les annonces et les réalités demeure grand et les populations aimeraient savoir quand est ce qu'elles vont réellement sentir l'effet de la présence des humanitaires ici.

 

Bon, les humanitaires font tout ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont. Donc, mais les besoins sont tellement immenses que parfois on est obligé de prioriser et même parfois de prioriser dans les priorités. Parce qu'on ne peut pas répondre de manières aux standards internationaux. Compte tenu de l'immensité des besoins et du manque de ressources, il y a beaucoup de fixations, y compris de la présence médiatique autour de la crise de Goma. Mais n'oublions pas qu'il y a 7 000 000 de déplacés qui sont dans de nombreux territoires, notamment dans l'Est de la RDC. Dans le territoire de Djugu en Ituri, où il y a vraiment des massacres quotidiens qui se passent avec des grands déplacements de populations. Au sud, nous avons les zones de Minova, de Fizi. Il y a des déplacés dans beaucoup d'endroits. Tout ça ce sont, des besoins humanitaires, des déplacés, des gens qui dépendent hélas à peu près entièrement de l'aide humanitaire compte tenu de leur état de dénuement. Et les humanitaires font tout ce qu'ils peuvent et cette visite doit contribuer à galvaniser l'effort international pour faire encore, encore mieux.

Monsieur Bruno Lemarquis merci.

Merci beaucoup.