L'avenir des relations entre la Cédéao et l'AES
16 décembre 2024Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se sont réunis, ce dimanche (15.12), en sommet ordinaire à Abuja. Ils ont pris acte de la décision des trois pays qui forment l'alliance des Etats du Sahel de quitter l’organisation. La Cédéao a également décidé de mettre en place une "période de transition" qui durera jusqu'au 29 juillet 2025. L'objectif est de "maintenir les portes de la Cédéao ouvertes aux trois pays pendant cette période".
Voici l'analyse de Babacar Ndiaye, analyste politique et directeur de recherche au think tank Wathi.
Babacar Ndiaye : une solution, pour l'instant, serait vraiment de mettre en place les conditions les plus larges pour que cette libre circulation des biens et des personnes que nous connaissons au sein de la Cédéao puisse continuer avec les pays de l'AES. D'une certaine manière, il va falloir collaborer, parce que ce qui est le plus important aujourd'hui, ce sont les populations des deux espaces.
DW : Les pays formant l'AES ont donc décidé de garantir la libre circulation des biens et des personnes aux ressortissants de la Cédéao. Est-ce que la mesure sera réciproque ?
Babacar Ndiaye : Je crois que ce sera la solution qui va peut-être s'imposer au début, dans l'immédiat. Vous savez, on ne peut pas du jour au lendemain, surtout les populations qui vivent dans les zones limitrophes, décider qu'on ne va plus circuler librement. Certains parlent de la mise en place d'un visa. Ça serait vraiment très étonnant par rapport à cette longue habitude que la population de ces pays-là a eue dans la capacité à circuler d'un État à l'autre. Maintenant, l'AES a ouvert une porte en disant que son espace sera un espace de non-visas. Il faudra voir la décision que va prendre la Cédéao. Il faut aussi savoir que nous avons les organisations de la Cédéao qui sont basées dans les pays de l'AES. Je prends l'exemple de l'Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) dont le siège se trouve à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Donc, évidemment, il y a des implications, des conséquences par rapport à ce retrait-là.
DW: Les trois pays de la Confédération des États du Sahel ne vont pas quitter l'UEMOA. Est-ce que cela ne va pas compliquer les choses ?
Babacar Ndiaye : L'UEMOA, c'est le partage du franc CFA. Évidemment, cela ne va pas se faire du jour au lendemain. C'est beaucoup plus difficile de quitter la zone franc. De mon point de vue, si jamais c'est la volonté de ces trois pays de quitter l'UEMOA, cela,évidemment, va prendre beaucoup plus de temps. Parce qu'il y a beaucoup d'implications. Il va falloir créer une monnaie, d'avoir une banque aussi. Je crois que les conditions de sortie de la zone franc prennent beaucoup plus de temps.