Sommet de l'UA: la presse allemande déçue
5 février 2016Le premier article concerne l'Union africaine présidée depuis le week-end dernier par le président du Tchad, Idriss Déby. Le second thème concerne l'Afrique subsaharienne dans son ensemble où les espoirs suscités par un relatif essor économique ces dernières années, sont menacés par la mauvaise gouvernance…
Le dernier sommet de la communauté des Etats africains pourrait être l'un des moins glorieux des 14 années de l'histoire de l'Union Africaine, estime la Süddeutsche Zeitung qui cite le président tchadien Idriss Déby : "Les Etats africains doivent enfin résoudre eux-mêmes leurs crises. Nous-nous rencontrons souvent, nous parlons toujours trop, nous écrivons beaucoup. Mais nous agissons trop peu – et parfois pas du tout !" Le Tchadien ne savait vraisemblablement pas combien ces mots décriraient ce sommet.
Car lors de leur rencontre dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, les 54 Etats membres de l'Union Africaine ont laissé tomber l'idée d'une force de protection pour le Burundi en crise. Pourtant contrairement à l'OUA qui l'a précédée, l'UA a inscrit une telle possibilité d'intervention dans sa charte.
Par ailleurs, les chefs d'Etat africains ont décidé de se retirer de la juridiction de la CPI, la Cour Pénale Internationale à La Haye ! La souveraineté de leur Etat leur est plus importante que la lutte contre les crimes de guerre et les génocides, constate la Süddeutsche qui conclut : "L'Union Africaine ne se soucie plus des droits de l'Homme! "
"L'Afrique est le continent des C : C pour Conflits, Crises, Catastrophes, Corruption."
C'est du moins l'avis de l'hebdomadaire "Der Spiegel"...Cette année, des élections se déroulent dans plus de 20 Etats africains. Cette super - année électorale sera-t-elle une nouvelle histoire à succès qui prouve que "le continent à problèmes" qu'est l'Afrique - dixit le journal - fait enfin de sensibles progrès?
Ce n'est malheureusement pas le cas, relève le magazine Der Spiegel .
Car toutes ces élections cachent en fait le véritable état de la démocratie entre Khartoum et Le Cap : après l'euphorie des années 90, la démocratie bat la retraite. Et cela dans une phase où l'essor économique des dernières 15 années est menacé par des turbulences internationales. En ce début d'année 2016, les perspectives ne sont pas roses pour l'Afrique, estime l'hebdomadaire de Hambourg.
Au cours des prochaines semaines ou prochains mois, des parlements et des présidents seront élus en Ouganda, au Niger, au Bénin, au Tchad, au Soudan, en Zambie, en Somalie, au Ghana, en Côte d'Ivoire et dans de nombreux autres pays du continent. Mais cette imposante liste est trompeuse. Car dans plus de la moitié des Etats subsahariens, la démocratie n'est qu'une façade derrière laquelle des dictateurs et des cleptomanes gouvernent en maître depuis longtemps déjà comme bon leur semble.
La seule différence est qu'aujourd'hui, ils ne se montrent pas aussi ouvertement cruels que les despotes du passé. Ils se déguisent en démocrates bon chic bon genre, organisent des élections pour que les donateurs occidentaux se taisent et que les milliards d'aide au développement continuent d'arriver.
En règle générale, résume Der Spiegel, les scrutins se déroulent de manière ni libre, ni équitable, la constitution est remodelée, l'opposition est opprimée, les voix critiques sont réduites au silence et souvent les résultats sont habilement truqués.
L'un de ces fraudeurs est Yoweri Museveni, le président de l'Ouganda depuis 30 ans au pouvoir. Le 18 février, il veut se faire réélire pour peut-être battre le record de longévité au pouvoir dans un pays africain. Pour le moment le champion est Teodoro Obiang Nguema de Guinée Equatoriale (36 ans et six mois au pouvoir). Il est suivi de près par Jose Eduardo dos Santos en Angola (six semaines de moins), Robert Mugabe au Zimbabwe (presque 36 ans) et Paul Biya au Cameroun (33 ans ). Le Soudanais Omar el Béchir a 26 ans de pouvoir derrière lui, Idriss Déby au Tchad 25 ans.
Or, selon Der Spiegel, "tous ces chefs d'Etat pillent sans scrupules leur pays et oppriment leurs peuples".