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Soudan : un "cauchemar" de faim, de maladies et de violences

Hugo Flotat-Talon | Avec agences
28 octobre 2024

L'Onu admet son impuissance face au conflit qui dure depuis 18 mois entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et l'armée régulière.

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Des débris sont éventrés sur la route, devant une maison en partie détruite aussi. On aperçoit une voiture calcinée.
Infrastructures, entrepôts humanitaires, habitations... Les destructions n'épargnent aucun site au SoudanImage : Volunteer Group South Khartoum Emergency Room/Xinhua/IMAGO

Le Conseil de sécurité de l'Onu était réunion ce lundi après-midi, 28 octobre, pour évoquer une nouvelle fois la situation au Soudan. Des dizaines de victimes civiles sont venues s'ajouter le week-end dernier aux dizaines de milliers de morts encore depuis 18 mois, après de nouveaux massacres. Les conséquences du conflit sont dramatiques et s'étendent désormais jusque dans frontaliers. 

République centrafricaine, Eygpte, Erythrée, Ethiopie ou encore Tchad: "les pays voisins du Soudan risquent désormais de subir de graves dommages économiques", alerte le Fonds monétaire international ces jours-ci. Le FMI craint des conséquences graves pour le commerce, des problèmes sécuritaires et l'afflux de réfugiés supplémentaires notamment. 

Ces réfugiés sont des millions. La situation humanitaire est "catastrophique" dit l'ONU. Plus de 11 millions de personnes ont été déplacées. C'est comme si la quasi-totalité des habitants du Bénin étaient déplacés par la guerre. Trois millions de personnes ont fui à l'étranger. 

Certains experts parlent de "génocide"

Pour ceux qui restent, souvent trop pauvres pour fuir, l'intensité des souffrances ne semble ne pas connaître de limite. Le week-end dernier, c'est au moins 124 personnes qui ont été tuées, dont un bébé, rapportent des sources locales citées par les agences de presse. 

Les Forces paramilitaires, les FSR, qui s'opposent à l'armée régulière, massacrent les habitants des villages les uns après les autres, commettant pillages, viols et tueries sur leur passage. Des crimes de guerre parfois reprochés à l'autre camp aussi. Le mot "génocide" est même désormais employé aussi par certains médias et des experts de l'Onu. 

"On ne peut pas compter les morts"

Au premier plan, à droite, un homme baisse la tête, flou. Au milieu de l'image, on peut voir une femme tenant un bébé dans ses bras. A droite de l'image, derrière la première femme, une autre femme, voile sur la tête, regarde en direction de l'objectif de l'appareil photo
Dès début 2024, Médecins sans Frontières parlait d'un décès d'enfant toutes les deux heures dans le camp de réfugié de Zamzam, près de la ville d’El Fasher au Nord DarfourImage : Mariel Müller/DW

26 millions de personnes souffrent de malnutrition aiguë et la famine menace. La guerre a fait entre 20.000 et 150.000 morts, selon les sources. "On ne peut même pas compter toutes les victimes", se désespèrent les médecins. Même des humanitaires locaux meurent dans le pays, dénonçait un responsable de la Croix Rouge ce lundi matin encore. D'autant que les hommes en armes bloquent les camions d'aide humanitaire. 

Côté politique, la situation semble là-aussi dans une impasse. Il y a près d'un an, après des mois de guerre, l'Onu mettait même fin à sa mission politique dans le pays. "Les conditions pour envoyer sur le terrain une force impartiale" et protéger les civils ne sont pas réunies, admet même le secrétaire général de l'organisation, Antonio Guterres. Il résumait cet après-midi : "C'est un cauchemar" de faim, de maladies et de violences ethniques.

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_