Démission du Premier ministre soudanais
3 janvier 2022Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok a annoncé dimanche (02.01.2022) sa démission. Il avait été réintégré dans ces fonctions il y a six semaines seulement, à la faveur d'un accord politique passé avec les militaires au pouvoir.
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Abdallah Hamdok n'avait pas réussi à constituer de gouvernement alors que les protestations contre le coup d’Etat militaire du mois d’octobre se poursuivent.
Le Premier ministre démissionnaire estime qu'une table ronde était nécessaire pour trouver un nouvel accord afin de permettre au Soudan de se constituer en pays démocratique.
Extraits de l'allocution de Hamdok
"J'ai décidé de renoncer à mes responsabilités et d'annoncer ma démission en tant que Premier ministre, pour donner une chance à un autre homme ou une autre femme de ce noble pays de continuer à diriger notre chère nation et de l'aider à passer par ce qui reste de la période de transition vers un pays démocratique civil." (…)
"Même après le coup d'État du 25 octobre, nous avons signé un accord-cadre avec les militaires pour tenter de revenir sur la voie d'une transition démocratique, pour mettre fin à l'effusion de sang, pour la libération des prisonniers, et pour sauvegarder les acquis tout au long des deux dernières années, et adhérer à la déclaration constitutionnelle qui régissait la transition.
Cet accord n'était qu'une tentative supplémentaire pour amener toutes les parties à la table des négociations et pour convenir d'un document permettant de mener à bien le reste de la période de transition." (…)
"Permettez-moi de remercier tous ceux qui, dans le monde entier, soutiennent la liberté, la paix et la justice et qui ont cru en cette révolution et notre grand peuple - Vous avez été merveilleux en soutenant les aspirations du peuple soudanais et son droit à la liberté. Notre peuple reconnaissant ne l'oubliera pas, et j'espère que vous continuerez à le soutenir."
Un civil considéré comme un traître
Économiste et ancien fonctionnaire des Nations unies, Abdallah Hamdok était devenu Premier ministre suite au renversement d’Omar el-Béchir, il y a trois ans.
Evincé et placé en résidence surveillée par les militaires lors du coup d'Etat du 25 octobre, il avait été réintégré par la junte dans ses fonctions au mois de novembre dernier, ce qui l’a fait passer pour un traître aux yeux des manifestants qui veulent un retour des civils au pouvoir.
La mobilisation anti-junte continue
Deux manifestants ont été tués hier et plusieurs autres blessés.
Au moins 57 personnes ont été tuées et plusieurs centaines d’autres ont été blessées dans la répression des manifestations depuis le 25 octobre. Au niveau des quartiers, les "conseils de résistance" signalent régulièrement des disparitions dans leurs rangs.
Depuis plusieurs jours maintenant, la capitale est verrouillée, coupée de sa banlieue par des containers qui ont été posés sur les ponts d’accès sur le Nil.
Des soldats postés sur des blindés surveillent les passants. Internet et les communications par téléphones portables ont de nouveau été coupés toute la journée d’hier.
Les Nations Unies, l’Union européenne et les Etats-Unis ont déjà fait part de leur indignation face à la violence de la répression. Ils réclament un dialogue avant de rétablir l’aide internationale, suspendue depuis le putsch.