Conflits au Sud-Kivu, quels risques pour les Grands Lacs ?
18 octobre 2021Bien que ce bilan fourni par la société civile reste provisoire, pour le révérend Nicolas Kyanlagalilwa, coordinateur provincial de la dynamique communautaire pour la cohésion et le développement, la situation dans cette partie de la province du Sud-Kivu est très préoccupante d’autant plus qu’on observe une radicalisation des discours de part et d’autres des parties impliquées dans ce conflit. Dans cet entretien qu’il a accordé à la DW, Nicolas Kyanlagalilwa revient sur la situation qui prévaut dans la région depuis une vingtaine d’années et donne des pistes de sortie de crise.
Que pouvez-vous nous dire par rapport à la situation qui prévaut actuellement dans les moyens plateaux du Sud-Kivu (territoires de Fizi, Uvira et Mwenga) ?
Nicolas Kyalangalilwa : le conflit qui avait commencé dans les Hauts-Plateaux est en train de migrer vers les moyens plateaux. Cela nous inquiète. Cela fait déjà plus de trois ans que ce dossier dure et il semble qu'on n'a pas trouvé des solutions idoines à cette problématique et cela cause des dégâts au niveau des populations et des pertes graves en vies humaines. Nous devons noter ici que la dernière attaque sur Bibokoboko du 14 octobre dernier, a causé le déplacement d'une bonne partie des citoyens. Ce village était majoritairement habité par les Banyamulenge. Il y avait évidemment d'autres tribus, mais majoritairement par les Banyamulenge. Et quand ils se sont retrouvés à Baraka, qui était la ville la plus proche, il y a eu des menaces et des attaques. C’est un conflit qui a des ramifications régionales et qui a la capacité d'embraser toute la région.
Vous parlez d'une possible extension du conflit au niveau régional. Qu'est ce qui est à craindre ? Est-ce que les armées étrangères peuvent rentrer en RDC et venir se battre sur le sol congolais?
Nicolas Kyalangalilwa : la présence des armées étrangères dans cette zone n'est plus à démontrer. Elle a été confirmée par plusieurs analyses, même celles des Nations unies et donc ces armées étrangères. Je cite ici deux pays en particulier, à savoir le Rwanda et le Burundi, qui alimentent différents groupes des milices, soit par des armes, soit par des renseignements. Et des fois, ils sont physiquement présents sur le terrain. La peur que nous avons est que Barakat ne devienne une cible. Et si Barakat devenait une cible, évidemment, nous ne connaissons pas tous les enjeux. On ne sait pas quel groupe est soutenu par quels pays.
Que font les autorités congolaises aujourd'hui quand vous les interpellez ?
Nicolas Kyalangalilwa : on a créé une région opérationnelle de ce côté, mais les résultats sur le terrain ne sont pas probants. Ce n'est pas seulement le dialogue avec les communautés qui va résoudre ce problème. Les faits sont probants. Il y a eu des interventions des armées étrangères. Un moment donné, c'est une question qui doit aussi être résolue au niveau politique et au niveau national avec les pays limitrophes.