Les rebelles syriens poursuivent leur avancée vers Homs
6 décembre 2024C'est en effet l'armée russe qui a aidé le dirigeant syrien Bachar al-Assad à prendre la ville, fin 2016, après quatre ans de combats. Désormais, la Russie ne serait plus en mesure de soutenir le régime d'Assad comme elle le faisait il y a dix ans.
Depuis février 2022, la Russie est beaucoup plus préoccupée par ses opérations en Ukraine, selon Ruslan Suleimanov, spécialiste de l'Orient à l'université Ada de Bakou en Azerbaïdjan. Certes, la Russie mène à nouveau des attaques aériennes contre les rebelles syriens, mais cela ne suffit pas pour arrêter leur progression vers Damas.
Lorsque Vladimir Poutine a décidé, en 2015, de soutenir militairement Bachar al-Assad dans la guerre civile qui déchire la Syrie, il y a d’abord déployé son armée de l'air. Selon les estimations, entre 2.000 et 4.000 soldats ont été déployés. Ce nombre est probablement resté à peu près le même depuis - les données officielles n'ayant jamais été communiquées.
Mais à l'époque, il y avait aussi presque autant de mercenaires, comme ceux de l’ancien groupe Wagner. Ce sont eux qui, plus souvent que les soldats de l'armée régulière, ont participé aux combats au sol en Syrie. Aujourd'hui, ils combattent en Ukraine.
La stratégie du Kremlin consistait à ce que les milices syriennes, iraniennes et chiites combattent et que les forces armées russes apportent leur soutien. Or, un acteur essentiel comme le Hezbollah, allié de l’Iran, a été affaibli dans le conflit avec Israël.
Les rebelles islamistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS) ont donc profité de cette situation pour progresser. Plusieurs experts spécialistes de la Russie estiment ainsi qu'il sera très difficile pour le Kremlin d'augmenter l'aide à Bachar al-Assad sans affaiblir ses propres troupes en Ukraine.
La guerre en Ukraine a tout changé
Après l'attaque contre l'Ukraine, en 2022, la Russie avait démenti vouloir retirer des troupes de Syrie. Mais selon plusieurs sources, elle aurait rapatrié un certain nombre d’avions de combat. Le système de missiles antiaériens S-300 a également été réexpédié vers un port russe, près de la Crimée. Et le transfert de mercenaires expérimentés en Ukraine a affaibli le dispositif militaire russe en Syrie.
Aujourd'hui, il y a certes d'autres mercenaires du Kremlin en Syrie, ils ne sont toutefois pas spécialisés dans les missions de combat, mais dans la surveillance de certaines installations pétrolières.
Malgré tout, bien que la guerre en Ukraine soit clairement une priorité pour la Russie, elle ne renoncera pas à la Syrie.
Moscou veut garder le contrôle sur deux sites stratégiques : la base navale de Tartous, qui assure l'accès à la Méditerranée, et la base aérienne de Hmeimim qui permet d'être opérationnel dans toute la région.
La Syrie est en outre importante pour le Kremlin, afin de soigner son image de superpuissance. Après l'échec des interventions occidentales en Irak et en Libye, le Kremlin a voulu se présenter comme un facteur de stabilité dans la région et a ainsi pu s'établir avec succès comme un acteur majeur au Proche-Orient.
Les premières réactions de la Russie à l'offensive des rebelles indiquent que Moscou préférerait ne pas déployer de capacités militaires supplémentaires en Syrie. L'armée de l'air russe multiplie toutefois les raids.
Parallèlement, Moscou cherche à entrer en contact avec d'autres puissances impliquées dans le conflit, à commencer par la Turquie, qui profite le plus de l'avancée des rebelles. Poutine s'est entretenu au téléphone avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Des représentants de la Russie, de l'Iran et de la Turquie doivent se rencontrer samedi (07.12) à Doha, la capitale du Qatar.
Des négociations qui s'annoncent très difficiles pour le Kremlin qui dépense déjà beaucoup de ressources pour l'Ukraine.