L'eau, une denrée rare à Turkana
22 mars 2022Alors que l'attention du monde se focalise sur la guerre en Ukraine, dans la corne de l'Afrique se déroule une autre grave crise humanitaire. Et cette crise est celle de l'eau due à la grave sécheresse que connaît la région. "L'article 43 de la Constitution kényane garantit l'accès à l'eau dans tout le Kenya…”
C'est ce que dit le texte de la Constitution repris par le ministre de l'Eau du comté de Turkana, Vincent Palor. Mais dans les régions comme celle de Turkana touchée par l'une des pires sécheresses, la réalité est toute autre.
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Le manque d'eau aggrave aussi les épidémies. La crise ici, c'est avant tout celle de l'eau. Des millions de personnes ont besoin d'un approvisionnement d'urgence en eau et en nourriture. Et les premières victimes sont des enfants.
"Quand ma fille est venue ici, elle était totalement amaigrie. Elle ne pouvait plus avaler … et on n'avait plus à manger…”" raconte Evelyn rencontré à l'hôpital central de Lodwar, chef-lieu de la région. Evelyn habite à Kerio, à 60 kilomètres du centre de santé où elle a amené son enfant dans un état de déshydratation très avancé.
"Le médecin m'a dit que c'est la malnutrition" précise t-elle avant de poursuivre "elle était déshydratée et c'est à cause de la sécheresse et du manque d'eau qui ont occasionné le manque de nourriture.”
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Une question d'inaction
La malnutrition est liée au manque d'eau, explique le nutritionniste principal de l'hôpital. Le ministre de l'Eau de Turkan, Vincent Palor, promet de faire le nécessaire pour remédier à la situation.
"En tant que gouvernement local, nous faisons tout pour garantir l'accès à cette précieuse ressource qui s'appelle l'eau” assure le ministre qui dit essayer de venir en aide aux populations mais précise t-il "ce sont les moyens qui manquent". Seulement environ 1% du budget du gouvernement local est consacré à l'eau.
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Pour un autre expert de Lodwar, cette situation est la conséquence de l'inaction, notamment des autorités. Le gouvernement, au lieu d'investir aujourd'hui dans la prévention et dans l'adaptation pour que la situation ne se répète plus, doit rediriger les ressources vers la prise en charge des victimes et la distribution de nourriture. Face à ces dures conditions de vie, les familles prennent des mesures désespérées pour survivre. Depuis novembre, des villages se sont vidés à la recherche de nourriture, d'eau et de pâturages. Ceux qui en ont encore le courage, prient devant la pédiatrie de l'hôpital pour conjurer le mauvais sort.