À Mbour, la colère ne retombe pas malgré les promesses
12 septembre 2024Comme sous l’ancien président Macky Sall, des milliers de Sénégalais continuent de tenter de rejoindre l'Europe, malgré les dangers, principalement via la mer et l'archipel espagnol des Canaries. Et les tragédies s'enchaînent.
Bakary Diemey, acteur de la société civile à Mbour, ne comprend toujours pas pourquoi de tels drames continuent alors que les autorités sont constamment alertées.
"Aujourd’hui, c’est la énième fois qu’on alerte. C’est la énième fois que des jeunes de Mbour périssent en mer dans ces conditions tragiques. C’est la énième fois que nous appelons les autorités locales et nationales à intervenir et à prendre des mesures fortes pour trouver des solutions et éradiquer définitivement ce fléau", insiste Bakary Diemey.
Pour apaiser cette colère, une délégation ministérielle a rencontré les représentants des familles et des jeunes de la ville. Le ministre du Commerce, Serigne Guèye Diop, a promis de transformer la ville en un nouveau pôle industriel, créant ainsi des emplois dans un délai proche.
"J'en parlais à Madame la Ministre tout à l’heure, nous allons lancer deux grands projets à Mbour, et l’annonce sera faite dans les prochains jours. Le premier concerne la zone industrielle de Mbour, et le second, l'agropole de Mbour, qui est distinct du projet de Sandiara. Nous sommes convaincus qu'avec de tels projets, ce type de drame ne se reproduira plus", a-t-il déclaré.
Un discours insuffisant pour calmer la colère
Cependant, son discours est loin de convaincre les jeunes et leurs familles, qui portaient, pour l'occasion, des brassards rouges en signe de protestation, comme l'explique Papa Samba Tine, représentant du mouvement « Justice pour Mbour » :
"Nous avons vu des ministres que nous avons l’habitude de voir, et entendu des discours que nous avons l’habitude d’entendre, mais sans mesures sécuritaires concrètes. Pendant la fête de l’indépendance, l’Etat déploie tout son arsenal militaire. Mais à Mbour, nous ne voyons pas la présence de la marine nationale pour sécuriser nos côtes. C’est un droit absolu : l’Etat doit agir sur le plan sécuritaire, pas seulement nous apporter des enveloppes et des condoléances à répétition. Nous en avons assez de ces enveloppes", déplore-t-il avant d’ajouter : "C’est pourquoi nous portons nos brassards pour dire non."
Le président Bassirou Diomaye Faye s'est rendu sur place pour tenter d'apaiser la situation. Il a lui aussi promis des mesures fortes dans les jours à venir, notamment l’intensification des patrouilles et des contrôles maritimes. Mais à Mbour, la colère ne retombe pas, et l’incompréhension se lit toujours sur les visages.