Série Rwanda : Paul Kagame et le M23 (épisode 05)
8 avril 2024Au Rwanda, au lendemain du lancement des commémorations du génocide des tutsis en 1994, le chef de l'Etat, Paul Kagame, a donné une conférence de presse, ce matin, lors de laquelle il s'est exprimé sur divers sujets, y compris sur celui du Mouvement du 23 mars, un groupe rebelle soutenu par Kigali, selon plusieurs rapports des Nations unies.
Et si Paul Kagame ne confirme toujours pas ces accusations, son discours devant la presse semble moins prudent, le discours officiel dénonçant la répression des tutsis en République démocratique du Congo.
Le M23, une question qui fâche
Agacé, Paul Kagame l'a sans doute été lorsque la question du soutien rwandais au M23 lui a été une énième fois posée.
"Ceux qui nous accusent, je leur demanderai : pourquoi ne soutiennent-ils pas le M23 eux-mêmes ?"
"Qui sont les M23 ?" demande le président rwandais. Selon lui, qui, entre les lignes, avalise les revendications des rebelles, ces derniers sont issus d'une communauté tutsi congolaise qui ne s'est jamais sentie en sécurité lors des dernières décennies.
"Nous avons une centaine de milliers de personnes issues de cette communauté, je dis bien une centaine de milliers, qui vivent ici au Rwanda dans des camps de réfugiés. Pourquoi ? Parce qu'ils ont été déracinés des maisons de leurs ancêtres et persécutés."
Selon le Haut-commissariat pour les réfugiés, 135.000 réfugiés se trouvaient au Rwanda en octobre 2023.
Franck Habineza sur la même ligne
Bien qu'opposant à Paul Kagame lors de la prochaine élection présidentielle de juillet, Franck Habineza, président du parti Vert démocratique, adhère au discours du chef de l'Etat rwandais.
"Les rebelles du M23 au Congo combattent pour leurs droits. Ils souhaitent avoir un pays où ils pourraient ramener les personnes parlant Kinyarwanda qui ont été persécutées. Beaucoup d'entre eux se trouvent d'ailleurs au Rwanda."
Pour l'homme politique, la RDC aurait dû respecter l'accord d'intégration des membres du Congrès national pour la défense du peuple, signé le 23 mars 2009. Une date qui donnera son nom au groupe que l'on connaît aujourd'hui.
En attendant, les combats continuent autour de Saké, dernier verrou avant le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Goma, et des rapports établissent la présence sur place des forces de défense rwandaises.
Si des efforts diplomatiques sont fournis, notamment par l'Angola, le conflit a jeté des centaines de milliers de personnes sur la route depuis 2022 et a fait quatre morts, ce lundi, dans les rangs de la SamiRDC, la mission militaire de la Communauté de développement d'Afrique australe.