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Les réfugiés soudanais au Tchad alertent sur leur sort

Blaise Dariustone
26 juin 2024

Dans l’est du Tchad, plusieurs milliers de réfugiés soudanais fuyant les affrontements à el-Fasher appellent à l’aide les ONG humanitaires et demandent l’arrêt des combats.

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Des réfugiés soudanais arrivant à Adré
Le Tchad abrite le plus grand nombre de réfugiés soudanais, près d'un million. En un an, plus de 571.000 s'y sont précipités à pied ou à mulet, venant s'ajouter à plus de 400.000 compatriotes qui avaient fui la précédente guerre du Darfour depuis 2003. Image : Zohra Bensemra/REUTERS

Cela fait plus de quatorze mois aujourd’hui que le Soudan est déchiré par une guerre entre l'armée régulière du général Burhane et les forces paramilitaires du général Hemetti.

Des affrontements qui continuent à provoquer la fuite de milliers de Soudanais vers le Tchad voisin.

Reportage à Adré

Il est 9 heures, nous sommes à Adré, à la frontière du Soudan avec le Tchad. A dos de chevaux, d’ânes, sur des charrettes ou bien à pied, des milliers de Soudanais fuyant la guerre à el-Fasher, le chef-lieu de l’Etat du Darfour-Nord, tentent de trouver refuge au Tchad.

Mediha Zenaba Abdoulaye, âgée d’une quarantaine d’années, est mère de trois enfants, dont un est mort en route.

"J’ai quitté el-Fasher il y a une semaine avec mes trois enfants. Nous avons passé plusieurs nuits sans nourriture en chemin. Mon bébé est décédé en cours de route. Je suis arrivé avec les deux autres qui sont malades. Nous n’avons pas à manger, nous avons tout laissé derrière nous. Je ne sais pas ce que je vais faire ici sans moyens. Nous appelons à l’aide’’, a raconté Mediha visiblement fatiguée par des jours de marche.

Des réfugiés soudanais arrivés à Adré au Tchad, notamment des femmes.
"De l'eau, de la nourriture et la dignité" sont les trois choses que réclament les réfugiés qui ont fui en masse les violences au Soudan pour se réfugier au Tchad, a raconté le président international de MSF.Image : MOHANED BELAL/AFP

Conditions de vie déplorables

Sur place, dans les différents camps, la situation est aussi mauvaise. Les premiers réfugiés arrivés manquent de nourriture, certains sont même sans abris.

Abdoulaye Doungouss, venu il y a six mois d’el-Geneina, capitale du Darfour-Ouest, espère une seule chose : l’arrêt des affrontements au Soudan.

"Vous voyez tous ces enfants et femmes exposés au soleil et à la merci des fortes pluies, sans abris, sans nourriture ? C’est difficile… je pense que les deux camps qui se battent doivent avoir pitié de nous et arrêter cette guerre. Ils doivent s’asseoir pour discuter afin que la paix revienne chez nous. Tous ces réfugiés ne peuvent vivre mieux que chez eux, au Soudan’’, a-t-il estimé.

Au Tchad, les organisations humanitaires s'attendent, pour leur part, à une augmentation spectaculaire du nombre de réfugiés si la ville d'el-Fasher était prise par les forces du général Hemetti.

De jeunes réfugiés soudanais arrivés à Adré au Tchad
Les femmes et les enfants représentent près de 90% des réfugiés soudanais arrivés au Tchad depuis un an, selon l'ONU. Image : ZOHRA BENSEMRA/REUTERS

Appel à l’aide internationale

Patrick Youssef, directeur du Comité international de la Croix rouge pour la région Afrique, explique que la communauté internationale doit agir.

‘’La communauté internationale doit savoir que sans soutien financier et sans attention politique, la situation peut se dégrader, sachant que la guerre au Soudan et surtout dans la région d'el-Fasher et autour augmente en intensité, comme c'était le cas il y a quelques mois en arrière à el-Geneina. Chaque jour, on réalise qu'il y a 10.000 voire plus de personnes qui sont accueillies dans ce centre de transit", a-t-il expliqué.

Patrick Youssef, estime qu’il faut de l'assistance et ce défi est de grande taille. "L'autre défi est logistique. Si on avait la possibilité de faire une assistance de taille au Soudan, on n’en serait pas là. On aurait effectivement assuré que les populations restent sur place. Mais on entend clairement des familles qui disent qu’elles doivent sortir parce qu’elles n’ont pas d'assistance".

Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires a indiqué qu'environ 143.000 personnes ont été déplacées, au cours des trois derniers mois, à el-Fasher.

L’arrivée de ces dizaines de milliers de réfugiés dans cette partie du Tchad a rendu la vie plus chère, mettant en difficulté également la vie des autochtones.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais