Tchad : des partis dénoncent les résultats des législatives
13 janvier 2025Sans surprise, le Mouvement patriotique du Salut (MPS), c’est-à-dire le parti au pouvoir, arrive en tête des élections législatives du 29 décembre dernier.
Selon l'Agence nationale de gestion des élections, le MPS obtient 124 sièges sur 188, soit les deux tiers des sièges de l’Assemblée nationale. Quant aux alliés du MPS, ils obtiennent 52 sièges.
Si le MPS jubile et parle de victoire éclatante, certains partis politiques en revanche, notamment l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR) de l’ ancien Premier ministre Saleh Kebzabo, crédité de sept sièges, rejettent ces résultats.
"Nous déplorons et dénonçons ces résultats. Nous sommes légalistes. Nous allons introduire des requêtes auprès du Conseil constitutionnel sur la base des PV que nous avons confectionnés", déclare à la DW, Adam Mamadou Djibert, secrétaire à la communication de l'UNDR.
"Une mascarade"
Autre réaction, celle du Rassemblement National des Démocrates Tchadiens (RNDT-Le Réveil) de l’ancien Premier ministre, Albert Pahimi Padacké .
Le parti revendique plus de 50 sièges dans les urnes au lieu des douze qui, selon lui, lui ont été "arbitrairement" attribués.
Le RNDT-Le Réveil qualifie le scrutin de "mascarade indigne" et dénonce un système électoral "méprisant le peuple et son vote".
Risque de radicalisation
L’analyste politique Yamingué Betinbaye regrette que la nouvelle Assemblée ne soit pas très diversifiée.
"Le Tchad s'inscrit définitivement dans un registre de monolithisme politique. Près de deux tiers des sièges reviennent au parti pouvoir et le tiers des sièges restants revient à des alliés du pouvoir. On devrait s'attendre donc une assemblée totalement monocolore."
Et selon l’analyste, de nombreux Tchadiens pourraient, par conséquent, ne pas se reconnaître dans la nouvelle Assemblée nationale.
" Les oppositions seront encore plus fortes...Les dirigeants tchadiens seront confrontés à une opposition radicale des acteurs politiques et de la population à la base qui ne se reconnaîtra pas dans les institutions et qui ne seront pas disposés à respecter les décisions qui seront prises."
Au total, 38 partis politiques et regroupements de partis seront représentés à l'Assemblée nationale.
Les Transformateurs de l'ancien Premier ministre Succès Masra, ne vont pas y siéger, le parti ayant boycotté ce scrutin évoquant "des résultats connus d'avance".
Ces élections législatives étaient couplées à des élections provinciales et locales qui se sont déroulées le 29 décembre 2024. Elles mettent fin à la transition politique entamée à la mort du président Idriss Déby Itno, en avril 2021.