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Adré peine à faire face à l’afflux de réfugiés soudanais

Blaise Dariustone
4 juillet 2024

L'afflux de réfugiés à Adré, dans l’est du Tchad crée une pénurie de ressources dans une région qui est déjà une des plus pauvres du pays. Reportage.

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Les Soudanais fuyant les violences dans le Darfour occidental traversent la frontière pour se retrouver à Adré au Tchad (04.08.2023)
Les femmes et les enfants représentent près de 90% des réfugiés soudanais arrivés à Adré depuis un an, selon l'Onu Image : Zohra Bensemra/REUTERS

Depuis plus d’un an, la ville d’Adré au Tchad fait face à une importante inflation qui est la conséquence de l’installation de dizaines de milliers de réfugiés soudanais, mais aussi de ceux qu’on appelle les "retournés" tchadiens qui avaient fui au Soudan, entre 2006 et 2008, pour échapper aux combats entre l'armée tchadienne et des groupes rebelles.

Les prix des aliments de base ont plus que doublé depuis le début de la guerre au Soudan. Une situation que déplore Mariam Khadidja, une femme rencontrée au marché d’Adré.

"Tout est cher, le kilo de riz qui se vendait à l’époque à 1.000 francs CFA, se vend aujourd’hui à 2.500 francs CFA. Le litre d’huile est passé de 1.000 francs CFA à 2.000 francs CFA. La viande aussi, c’est pareil. Comment les ménages pauvres vont-ils vivre dans ces conditions ? Nous demandons aux agences humanitaires de nous aider aussi. Ce n’est pas normal que nous souffrions à cause de la présence de ces réfugiés."

"C’est vraiment lamentable" (Nour Ali)

Augmentation des prix

Mais il n’y a pas que les produits de première nécessité qui sont concernés. Les loyers sont aussi touchés par l’inflation. C’est ce que déplore Nour Ali, un jeune chauffeur recruté par une ONG humanitaire il y a neuf mois.

"Les prix des maisons, ici à Adré, sont plus chers que ceux à N’Djamena, la capitale. Vous voyez cette case en paille ? Je paye 50.000 francs CFA par mois. Alors que je ne gagne que 200.000 francs CFA par mois, raconte Nour Ali sur la DW. Donc, c’est le quart de mon salaire que le loyer prend. Il faut que les commerçants et les autochtones revoient leur manière de fixer les prix. C’est vraiment lamentable."

Les commerçants, pour leur part, expliquent cette augmentation des prix sur les marchés par une rupture des approvisionnements.

Moussa Goudja commerçant et importateur de denrées alimentaires dit être "conscient des conséquences de cette augmentation des prix sur la vie des ménages, mais nous n’avons pas le choix".

Un camp au Tchad où des réfugiés du Darfour sont pris en charge. Adré centre de distribution d'aide alimentaire (mars 2024)
Selon l’Onu, plus de la moitié de la population soudanaise est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë Image : David Allignon/MAXPPP/dpa/picture alliance

"Avant, nous importions presque tout du Soudan voisin, mais depuis l’éclatement de la guerre là-bas, nous n’avons plus accès au Soudan. Nous faisons donc venir nos marchandises de N’Djamena ou de la Libye, à des centaines de kilomètres. Cela a un coût."

Avant les récents afflux de réfugiés, le Tchad accueillait déjà plus d'un million de personnes déplacées. Face à l'escalade du conflit au Soudan, le pays pourrait encore accueillir des milliers de personnes dans les prochaines semaines. Sans une aide plus importante de l’Etat, les zones concernées risquent donc de se précariser encore plus.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais