Des actes de naissance pour des enfants tchadiens
11 août 2022Au Tchad, le gouvernement a lancé ce mercredi une campagne de délivrance d’actes de naissance à l’occasion de la Journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil. En effet, les trois-quarts des enfants de moins de cinq ans ne sont pas enregistrés à leur naissance dans ce pays. Plusieurs bureaux d'enregistrement ont ainsi été implantés dans les centres de santé et hôpitaux du pays.
Des parents démarchés
Il est huit heures, nous sommes à l’hôpital Notre Dame des Apôtres (NDA) une structure hospitalière de l’Eglise catholique située au quartier Moursal, dans la commune du sixième arrondissement de la capitale tchadienne.
A l’entrée de cet hôpital est implanté un bureau d’enregistrement des actes de naissance qui n’a ouvert ses portes que depuis mardi (9 août). Le travail avance bien, nous confient les agents en service dans ce centre.
Prunelle est âgée d’une vingtaine d’années et elle est mère d’un bébé de trois semaines et explique avoir été "approchées par les agents chargés de délivrer des actes de naissances aux nouveaux nés" alors qu'elle se rendait à un rendez-vous de vaccination pour sa fille. "On nous a demandé des informations sur le bébé que nous avons fournies ainsi que les informations sur l'Etat civil de nous, les parents du bébé, puis c’est tout. Après la vaccination, on nous a remis l’acte de naissance de l’enfant. C’est vraiment bien."
L’installation de ce bureau est une avancée à saluer, selon la sœur Orita Nangadoum. Responsable de l’hôpital Notre Dame des Apôtres, elle déclare que "le mérite revient aux plus hautes autorités" du pays. "Comme toujours aux côtés du ministère de la Santé publique, nous nous engageons à faire en sorte que le bureau de l'Etat civil installé à l'hôpital Notre Dame des Apôtres soit un véritable outil pour l'enregistrement des faits d'Etat civil et des statistiques de l'Etat civil au Tchad."
Trois quarts des naissances ne sont pas déclarées
Selon les statistiques d’une récente enquête, les naissances de 74 % des enfants de moins de cinq ans ne sont pas enregistrées au Tchad. Le représentant de l’Unicef dans le pays, Jacques Boyer, explique ce phénomène par plusieurs facteurs.
"On constate sur le terrain une rupture fréquente des registres d'acte de naissance au niveau des centres d'Etat civil. Le second goulot d'étranglement est le manque de professionnalisation des agents de l'Etat Civil. Le Tchad demeure l'un des rares pays où la gestion de services de l'Etat civil est confiée aux bénévoles. Parmi les goulots d'étranglement, on note une insuffisance d'information de la population sur les délais de l'enregistrement de naissance et on note également l'ignorance de l'importance de l'enregistrement à l'Etat civil par les communautés."
Paiements indûs
Autres raisons qui freinent l’enregistrement des naissances : la transhumance de certaines populations, mais aussi le manque d’argent pour payer les frais administratifs liés à l’obtention des actes naissance.
Pourtant, selon la loi, l’enregistrement des naissances ne devrait rien coûter aux parents.
Toutefois, avec ces nouvelles dispositions, les autorités tchadiennes espèrent augmenter le nombre d’enfants enregistrés en bonne et due forme.