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"Tirailleurs"? Pas que sénégalais !

28 mai 2018

Le président du Sénégal, lors du lancement du premier tome d'une série d'essais a notamment expliqué que la proximité de son pays avec la France s'est reflétée dans les conditions de vie des Tirailleurs sénégalais.

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Paris François Hollande ehrt tirailleurs sénégalais
Image : picture alliance/dpa/O. Corsan/MAXPPP

Oumar Guèye : " il ne s’agissait pas seulement que de Tirailleurs venant du Sénégal "

Le président sénégalais, a affirmé vendredi (25.05.) que les Français étaient des amis du Sénégal, malgré la colonisation. Macky Sall s'est exprimé lors du lancement du premier tome d'une série d'essais qu'il va publier dans le cadre d'une collection appelée "Conviction républicaine". Il a notamment expliqué que cette proximité avec la France s'est reflétée dans les conditions de vie des Tirailleurs sénégalais. Or ces propos ont semé la confusion et continuent d'alimenter des commentaires sur les réseaux sociaux.

Macky Sall : "Nous avons une relation particulière avec la France. C'est vrai, ils nous ont colonisés, il y a eu une décolonisation pacifique... mais ils ont toujours aussi respecté les Sénégalais. Parce que le régiment des Tirailleurs sénégalais, quand eux ils étaient dans les casernes, ils avaient droit à des desserts pendant que d'autres Africains n'en avaient pas..."

 

Senegal Geschichte Kolonialgeschichte Kolonialtruppen
Image : cc

Qui sont les "Tirailleurs" ?

Le corps des Tirailleurs sénégalais a été créé en 1857 par Louis Faidherbe, gouverneur général de l'Afrique occidentale française. Celui-ci voulait se doter d'unités de combat indigènes, permettant de palier l'insuffisance des effectifs de la métropole.

Selon Oumar Guèye, professeur d'histoire moderne et contemporaine à l'université Cheik Anta Diop de Dakar, " le concept de sénégalais est beaucoup plus inclusif. Parce qu'il ne s'agissait pas seulement que de Tirailleurs venant du Sénégal. Ce sont des Tirailleurs qui venaient de presque tout l'espace colonial français. Donc on retrouvait ceux qu'on appelait les Dahoméens, les Soudanais, donc des ressortissants de l'actuel Mali, des Voltaïques, des ressortissants de l'actuel Burkina Faso etc… mais ils étaient tous désignés sous le vocable de Tirailleurs sénégalais.'' 

 

Deutsch-Ostafrika, Askari beim Übungsschießen
Image : Bundesarchiv, Bild 105-DOA3049/Walther Dobbertin/CC-BY-SA

La situation avec les "Askari"

En Afrique de l’Est, les troupes indigènes des empires coloniaux européens - notamment allemand, britannique ou  belge - sont désignés sous le nom d'Askari qui veut dire soldat en langue Swahili. Tout comme leurs frères d’armes appelés Tirailleurs, ils sont pour la plupart demeurés sans reconnaissance ni soutien.

 

L'épineuse question du dédommagement

Au cours des deux conflits mondiaux, les "Tirailleurs sénégalais", issus de l'armée coloniale française, ont combattu et sont morts pour le drapeau tricolore.

A la Libération, en 1945, la France ne leur a pourtant accordé que de maigres droits et a gelé leurs pensions. Une fois rentrés en Afrique, ces hommes et leurs ayants-droit ont été oubliés.

La DW a recueilli le témoignage d'un de ces ayants-droit. Evariste Ngarlem, aujourd'hui enseignant chercheur au Tchad et petit fils d'un Tirailleur sénégalais raconte : " Mon grand-père a combattu, il est décédé en 1946. Nos demandes depuis vingt ans n'ont jamais abouti. Jusqu'à preuve du contraire, les ayants-droit des Tirailleurs sénégalais n'ont rien du tout. Personnellement, j'ai fait des démarches jusqu'à La Rochelle. J'ai été jusqu'en France, frapper à la porte, on m'a dit : Non ici on ne reçoit personne, envoyez-nous les dossiers par la poste. J'ai fait ça deux fois de suite et je n'ai pas eu de réponse. Voilà le sort que subissent les ayants-droit de ces Tirailleurs sénégalais."

Dans une large mesure, les Français, selon Oumar Guèye, ont essayé de tenir leurs promesses à la démobilisation. Certains vétérans ont bénéficié de conditions particulières mais la grande majorité est morte dans l'indifférence totale.

L'ancien président François Hollande a tenté sans grand succès d'apporter une réparation. Les ayants-droit, pour leur part, continuent d'espérer.

En Afrique de l’Est, les troupes indigènes des empires coloniaux européens - notamment allemand, britannique ou  belge - sont désignés sous le nom d'Askari qui veut dire soldat en langue Swahili. Tout comme leurs frères d’armes de l’Afrique de l’ouest, ils sont pour la plupart demeurés sans reconnaissance ni soutien.

Vue aérienne sur Abidjan, le pont de Cocody et le stade de football
Julien Adayé Correspondant en Côte d'Ivoire pour le programme francophone de la Deutsche Welle@AdayeJulien