Les causes du racisme envers les Noirs en Tunisie
7 mars 2023Les violences à caractère raciste dont sont victimes les ressortissants subsahariens en Tunisie continuent de faire réagir malgré les nouvelles mesures prises le gouvernement pour arrêter ces attaques.
Les autorités tunisiennes ont en décidé "de délivrer des cartes de séjour d'un an aux étudiants ressortissants de pays frères africains pour faciliter leur séjour et leur permettre de renouveler périodiquement leurs documents". Elles décident aussi de "prolonger les attestations de résidence de trois à six mois", pour des personnes venant de nombreux pays subsahariens qui bénéficient d'une exemption de visa de trois mois à l'entrée en Tunisie.
La Tunisie souhaite aussi "faciliter les opérations de retour volontaire dans un cadre organisé et en coordination avec leurs missions diplomatique". Ces candidats au retour volontaire seront "exemptés" des pénalités s'élevant à 80 dinars par mois (25 euros), dépassant pour certains les 1.000 euros.
Des mesures qui ne rassurent pas
Malgré ces mesures, la Banque mondiale a décidé de suspendre "jusqu'à nouvel ordre" son cadre de partenariat avec Tunis. Elle juge "complètement inacceptables" les propos du président tunisien Kais Saïed qui, en dénonçant fin février des "hordes de migrants clandestins", a attisé selon l'institution financière la violence à leur encontre.
Des Africains subsahariens devraient encore rejoindre leurs pays d’origineaprès des départs de la Tunisie enregistrés le week-end dernier.
Plusieurs associations tunisiennes dénoncent cette violence qui vise les subsahariens dont des dizaines ont décidé de quitter la Tunisie. Saadia Mosbah est membre de l'association Mnemty qui s'engage contre le racisme, qu'elle définit comme un phénomène "silencieux" en Tunisie. Saadia Mosbah explique, au micro de Bob Barry, pourquoi les Africains subsahariens sont visés par cette violence....
Saadia Mosbah : Parce que c'est la population la plus vulnérable. Il y a certainement aussi quelques dépassements et il faudra pas tout, carrément tout blanchir. Il y a certainement quelques dépassements. Les frontières ne ne sont pas au top, donc il y a pas mal de personnes qui rentrent d'une manière illégale aussi par les frontières tunisiennes du côté algérien et du côté de la Libye. Donc tout ça a fait qu'on en est là, devant une crise que la Tunisie n'a jamais connue auparavant. Il y a un amalgame de choses. Il y a pas mal de choses qui ont fait que ça éclate au nez des Africains subsahariens. C'est sûr qu'on a échoué quelque part.
DW : Et justement, que faites-vous, vous, aujourd'hui en tant que en tant que personne engagée contre justement les violences faites aux étrangers en Tunisie ? Que faites-vous pour que votre voix soit entendue, pour que cessent ces violences ?
Je pense qu'il faut l'exporter quelque part aussi parce qu'il faut que les personnes qui vivent, qui ne voient pas ça puissent savoir pour pouvoir aider, pour qu'il y ait quand même un minimum de conscience internationale, pour demander que ça cesse. Mais moi quand je trouve une personne malade, je lui demanderai pas sa carte de séjour pour l'emmener à l'hôpital.
Quel regard portez-vous sur le fait que c'était un Tunisien qui décroche le Grand Prix du Fespaco en terre subsaharienne pendant qu'il y a des problèmes auxquels sont confrontés actuellement des Subsahariens en Tunisie ?
Je pense que c'est une excellente chose. Le message est très clair, le message que nous renvoie nos frères subsahariens, parce qu'ils ont tout simplement compris que ce n'est pas la volonté d'un peuple, que ce n'est pas le langage de tout un peuple et que l'art ne s'arrête ni devant la couleur, ni devant la religion, ni devant la région. Je tire un chapeau à ce prix et à ceux qui l'ont accordé parce que réellement c'est le plus beau message que l'on puisse recevoir, on va dire de pays qui sont agressés et qui sont malmenés, qui sont renvoyés de chez nous. Ils nous disent nous ne tenons pas compte de tout cela, vous méritez un prix et vous l'avez.