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PolitiqueTunisie

Tunisie : deux ans après le coup de force de Kais Saied

25 juillet 2023

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce mardi à Tunis contre le coup de force du président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet 2021.

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Des manifestants à Tunis
Au moins 300 personnes étaient réunies à l'appel du Front du Salut NationalImage : Hasan Mrad/ZUMAPRESS.com/picture alliance

Depuis deux ans, l'opposition organise régulièrement des manifestations contre la "politique répressive" du président depuis ce qu'elle qualifie de "coup d'Etat" du 25 juillet 2021 quand il a gelé le Parlement et limogé son Premier ministre. Les ONG de défense des droits de l’homme dressent elles aussi un tableau sombre de la situation dans le pays.

"Décret après décret, attaque après attaque, le président Kaïs Saïed, avec son gouvernement, a considérablement porté atteinte au respect des droits humains en Tunisie depuis qu’il s’est accaparé les pleins pouvoirs en juillet 2021", dit par exemple Amnesty International dans un rapport publié ce lundi (24.07.23).

Kais Saied
La crise politique déclenchée par Kais Saied inquiète les ONG tunisiennes et internationalesImage : Tunisian Presidency/APA Images/ZUMA Press Wire/picture alliance

Le judiciaire pris pour cible

Depuis le 25 juillet 2021, Amnesty International dit avoir recueilli des informations sur les cas d’au moins 39 personnes contre lesquelles des enquêtes ou des poursuites ont été lancées simplement parce qu’elles avaient exercé leur droit à la liberté d’expression.

Le président Kaïs Saïed a sapé l’indépendance du pouvoir judiciaire en émettant deux décrets qui lui confèrent le pouvoir de s’ingérer dans la carrière des juges et des procureurs y compris de révoquer arbitrairement ajoute l'ONG.

Le 1er juin 2022, il a ainsi révoqué 57 magistrats selon Amnesty international sur la base d’accusations floues et sous-tendues par des considérations politiques, telles que le terrorisme, la corruption financière ou morale.

Les autorités tunisiennes ont pris tout particulièrement pour cible des membres d’Ennahda, le plus grand parti d’opposition du pays, en ouvrant une enquête pénale à l’encontre d’une vingtaine de membres de ce parti, dont 12 sont en détention y compris Rached Ghannouchi, dirigeant d’Ennahda et ancien président du Parlement de Tunisie.

"Une crise politique qui se caractérise par la présence de prisonniers politiques, de chefs de partis et d'un président du parlement en prison. Tel est l'état du système et ce qu'il a impliqué tout au long de cette période. Un retour à l'instauration d'un système de peur à travers les arrestations politiques, ainsi que par la circulaire 54 qui restreint la liberté d'expression et s'attaque également à la liberté des médias. C'est ce que le régime du 25 juillet a réalisé en deux ans de règne", estime Imed Khemiri, porte-parole d'Ennahdha.

Manifestants à Tunis
Les manifestants demandent la libération de plus de vingt opposants politiquesImage : Chokri Mahjoub/ZUMA Press Wire/picture alliance

La difficile situation des migrants

Ancien professeur de droit constitutionnel de 65 ans, Kais Saied, peu connu du grand public, est arrivé au pouvoir en 2019 à l’issue d’une élection présidentielle.

Il a par la suite consolidé son pouvoir en rétrécissant les libertés et l’espace démocratique. Le 25 juillet 2022, la nouvelle Constitution qu’il avait proposée a été adoptée par référendum. Ce qui lui a permis de renforcer son autorité.

Amnesty s’inquiéte également dela situation des migrants. En février 2023, le président Kaïs Saïed a tenu des propos xénophobes qui ont déclenché une vague de violences dont des agressions, des expulsions sommaires et des arrestations arbitraires de personnes migrantes d’origine africaine.
 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle