Un contrat entre la RDC et DP World, suscite la controverse
23 avril 2018Vangu habite à Moanda. Il y est arrivé dans les années 1980. A l'époque, il n'était détenteur que d'un diplôme d'étude secondaire. C'est la recherche d'un emploi qui l'a conduit dans cette partie du Zaïre de l'époque. Il raconte qu'à ce moment déjà, il était question de construction d'un port par deux sociétés : l'une allemande et l'autre canadienne. Pour des raisons inconnues, le projet n'a jamais abouti et Vangu est resté dans la région. Aujourd'hui, une trentaine d'années plus tard, Vangu espère que cette fois-ci le projet sera mené à bout et surtout qu'il permettra d'endiguer le chômage dans la région.
"Le projet vaut la peine. Premièrement pour développer le milieu de Moanda, deuxièmement pour l'intérêt de la République. Ce port va amener beaucoup de travail... actuellement il y a beaucoup de chômage, mais avec ce port, cela va peut-être diminuer le nombre de chômeurs."
Serge Ngimbi est chargé de projet au sein de l'ONG "Initiative pour le développement local" (IDEL). Il est le spécialiste des questions environnementales ainsi que des droits des communautés. Serge Ngimbi s'est récemment rendu à l'endroit où sera construit le port. Il tire la sonnette d'alarmes sur l'impact environnemental qu'un tel projet comme pourrait occasionner. Les îlots de Tompo et Bulambemba sont particulièrement menacés.
"En regardant les communautés on se pose des questions à propos de leur déplacement, l'entreprise ainsi que l'État doivent dire aux populations où elles iront. S'agissant du parc des mangroves, aujourd'hui c'est un patrimoine international. Sous ce parc, il y a du pétrole, on se pose des questions à propos de la gestion qu'ils vont y mener. Au niveau des populations on parle d'un millier de personnes, jusque là l'État et l'entreprise DP World ne nous ont encore rien dit."
Nous avons contacté la société DP World pour en savoir plus, mais elle n'a pas souhaité répondre à nos questions. Après avoir pris de nombreuses précautions et en nous expliquant vouloir d'abord mener des consultations internes, DP World nous a finalement envoyé un communiqué de presse publié le 25 mars 2018 peu de temps après la signature du contrat avec l'État congolais.
Annoncés pour les prochaines semaines, les travaux de construction n'ont pas encore débuté sur les 37 kilomètres de littoral comme prévu. En attendant, la population espère une relance des activités économiques, synonyme pour certains d'une sensible réduction du chômage. Mais rien ne garantit que la main d'œuvre ne sera pas importée.