Un enfant allemand sur dix victime de violences sexuelles
4 avril 2019La Commission européenne a engagé, mercredi, de nouvelles procédures d'infraction contre la Pologne. Procédures en raison des réformes judiciaires controversées. Elles visent à placer les juges sous le contrôle politique de l'exécutif selon Bruxelles, qui parle de menace pour la séparation des pouvoirs. Une nouvelle qui fait réagir les journaux allemands ce jeudi.
"Un attentat contre la justice", titre la Frankfürter Allgemeine Zeitung pour évoquer l'affaire. Et le journal die Zeit d'interroger : "Est-ce que la Pologne est sur le chemin d'un Etat autoritaire ?". Les journaux allemands ne l'écrivent pas directement mais, entre les lignes, ils semblent tous aller dans le même sens : la réponse est oui. "La justice doit rester indépendante, ce n'est pas un privilège, mais les juges ne doivent être soumis qu'à la justice et à la loi et non aux politiques", martèle la FAZ.
Sur le site de die Zeit un Allemand en Pologne raconte et s'inquiète : "Des émissions de télé ou de radio montrent des juges mal aimés, qui seraient trop payés". Comme le raconte la Süddeutsche Zeitung, c'est la troisième procédure contre cette réforme de la justice en Pologne de la part de l'Union européenne. "Cette loi n'est pas étonnante venant de politiques qui croient détenir la vérité", estime la Faz. "Mais un tel comportement doit être sanctionné par l'UE dans un processus constitutionnel".
La Pologne a deux mois pour réagir avant des sanctions financières et d'autres éventuelles via la justice européenne.
"Se taire est un crime"
Et puis dans la presse ce jeudi, beaucoup de commentaires sur un rapport présenté mercredi à Berlin : celui sur les violences sexuelles faites aux enfants. "Elles ont lieu dans les familles, à l'Eglise, les clubs de sports, dans toutes les petites cellules qui composent ce pays", écrit la Süddeutsche. On estime qu'en Allemagne un enfant sur dix subit des violences sexuelles.
Beaucoup ne parlent pas, cela ne se sait pas, et c'est là-dessus qu'insiste la Tageszeitung. "Se taire est un crime. Que les victimes se murent dans le silence, cela se comprend. Que la société se taise et ne réagisse pas plus, c'est un crime. Il faut en finir avec ça", écrit le journal.
"Ecouter, regarder de plus près et aider, tout le monde peut faire", complète la Süddeutsche. "Et puis il y a l'Etat, qui doit aider les structures, les rendre plus solides, de la police jusqu'aux centres de jeunesse". Plus solides pour mettre fin à des calvaires. "Jusqu'à maintenant on estime qu'en enfant doit raconter son histoire huit fois avant d'être écouté", raconte le quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung. Comme beaucoup, il appelle le gouvernement à agir après ce rapport. Et de conclure : "Ce sont 289 pages qui mettent mal à l'aise, épuisent. Mais pour les politiques et les institutions sociales, la lecture est obligatoire".