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Un #MeToo africain ?

8 mars 2019

Le hastag #Memepaspeur lancé lors du Fespaco dénonce les agressions sexuelles dont sont victimes les femmes dans le cinéma africain.

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Ghana Project BG Ghana's viele Gesichter
Image : Imago/F. Stark

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C’est un petit tremblement de terre qui a secoué le monde du cinéma africain la semaine dernière. Lors du festival de cinéma Fespaco de Ouagadougou, la réalisatrice Azata Soro et l’actrice Nadège Beausson-Diagne ont dénoncé publiquement l’homme qui les a agressées sexuellement.

Selon Nadège Beausson-Diagne, ces violences sont omniprésentes mais les femmes ont peur d’en parler :

"C’est là partout, partout. Et il n'y a pas que les actrices. Les réalisatrices, les scénaristes, les techniciennes vivent le harcèlement sexuel voire des agressions ou des viols. Il était temps et nous avons un hashtag : #MemePasPeur parce que la peur doit changer de camp."

Optimisme

La peur, c’est celle que partagent les femmes de nombreux pays en Afrique et à tous les niveaux de la société. Les violences sexuelles font l’objet d’un tabou qu'il est préférable de ne pas évoquer en public, estime Ndeye Fatou Kane, auteure et féministe sénégalaise :

"Au Sénégal par exemple une femme n'oserait même pas aller à la police. Ils ne la prendront pas au sérieux. On va la dissuader de déposer une plainte, parce qu'on se dit qu'elle va jeter la honte sur sa famille. Alors que c'est elle la victime."

Les victimes de violences doivent savoir qu'elles seront soutenues, tant aux yeux de la loi qu'au sein de leur collectivité. Il faudra donc plus qu’un hashtag pour libérer la parole des femmes africaines. Ndeye Fatou Kane se veut néanmoins optimiste :

"Il y a un travail de changement des mentalités qui doit s'opérer et tant qu'on n'arrivera pas à ça, on n'aura rien fait. D'un autre côté, avec la génération qui arrive, avec les moyens d'information dont elles disposent, les femmes n'ont plus peur. Il y a un progrès qui est en train de se faire. Peut-être que c'est lent, peut être que ce n'est pas à la vitesse que je veux, mais elles sauront qu'on va y arriver."

Le rôle des réseaux sociaux

Selon la blogueuse sénégalo-ivoirienne Aichatou Ouattara, auteure d'Afrofeminista, les nouvelles technologies sont l'avenir de la mobilisation :

"En partageant, en échangeant, en passant le mot on peut aussi créer une mobilisation des actions citoyennes qui vont permettre justement de mettre au cœur au cœur des discussions publiques des idées et des problématiques de genre et les violences faites aux femmes."

Les réseaux sociaux avaient déjà permis de lancer sur twitter et dans les medias le mouvement #MeToo aux Etats-Unis après des révélations de la presse américaine sur le producteur Harvey Weinstein.

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