Une loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong
30 juin 2020Les appels notamment des occidentaux n'y ont rien fait. Un an après le début des manifestations monstres contre le gouvernement de Pékin, le Parlement national à voté à l'unanimité, la loi sur la sécurité nationale.
Pour Pékin il s'agit d'assurer la stabilité et mettre fin au vandalisme lors des manifestations, mais il est aussi question de réprimer "le séparatisme, la subversion, le terrorisme et la collusion avec les forces extérieures et étrangères". Les auteurs de crimes contre la sécurité nationale devraient être poursuivis.
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Inquiétude des activistes
Du côté de l'opposition pro démocratie justement, cette loi vise à restreindre l'autonomie et les libertés à Hong Kong. Avant même le vote, des activistes comme Joshua Wong attiraient l'attention sur les conséquences si la loi passe et le sort qui sera réservé aux opposants.
"Les suspects seront soumis à une détention indéfinie sans jugement dans des établissements spéciaux dont les emplacements sont inconnus. Une fois que la loi entrera en application, je serais comme d'autres amoureux de la liberté de la ville probablement soumis à des procès secrets, à la torture dans les prisons et aux aveux télévisés", expliquait-il.
Pour éviter de tomber sous le coup de la nouvelle loi, le parti politique Demosisto, que Joshua Wong a fondé avec d'autres militants en 2014, a déjà annoncé sa dissolution. Cette formation appelait notamment à l'autodétermination du territoire.
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Faibles réactions à l'internationale
Sur le plan international Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne estime que "la nouvelle législation n'est pas conforme à la loi fondamentale de Hong Kong, ni aux engagements internationaux de la Chine".
En vertu du principe un pays, deux systèmes Hong Kong jouit depuis sa rétrocession, d'une large autonomie par rapport à la Chine continentale. Les Hongkongais bénéficient ainsi de la liberté d'expression, de la liberté de la presse et d'une justice indépendante.
Mais en dehors des condamnations, les occidentaux sont restés plutôt impuissants face à l'initiative de Pékin. Une impuissance qui n'etonne pas Benoît Hardy-Chartrand spécialiste des questions de sécurité et géopolitique en Asie du Nord-Est.
"Il y a seulement quelques Etats qui ont pu prendre des mesures concrètes par exemple les Etats Unis qui ont révoqué le statut spécial de Hong Kong qui accordait des privilèges aux entreprises basées à Hong Kong. Cela pourrait entraîner des conséquences économiques... C'est difficile pour les pays occidentaux de réagir de façon ferme face à la Chine, on voit que la décision est irréversible, il y a très peu qui puisse être fait. Rappelons que de toute façon avec l'importance du marché chinois, les relations économiques avec la Chine... plusieurs pays ne veulent pas compromettre leurs relations commerciaux avec la Chine s'ils prennent des mesures, ou réagissent de façon trop ferme", précise le chercheur.
En guise de réaction, bien avant le vote de la loi, Washington a mis fin aux ventes d'équipement de défense sensible à Hong Kong pour éviter qu'il tombe aux mains de l'armée chinoise et a décrété des restrictions de visas pour les responsables chinois. La Chine a répliqué avec une mesure similaire visant les Américains.