4.000 postes d'enseignants sont vacants cette année en France, un chiffre en hausse mais ce n'est pas mieux ailleurs.
En France, ces difficultés de recrutement inédites ont conduit le ministère de l'Education à prolonger en novembre de deux semaines le délai d'inscription aux concours pour la rentrée 2023.
Dans un rapport présenté en juin, le sénateur de droite Gérard Longuet avait évoqué au niveau européen "l'attractivité du métier d'enseignant" comme "problème général pour les pays, quel que soit le niveau salarial".
Selon des estimations nationales, il va manquer par exemple 25.000 enseignants d'ici 2025 en Allemagne, et 30.000 au Portugal d'ici 2030.
L'Allemagne, le Portugal, la Suède ou encore l'Italie font par ailleurs face à des "départs massifs à la retraite, ce qui va accroître le problème".
Dans le détail, au niveau de l'école élémentaire, 60% des enseignants ont plus de 50 ans en Italie, 37% en Allemagne, 42% au Portugal, 36% en Suède et 23% en France, selon l'OCDE.
Différentes causes peuvent être pointées, selon Régis Malet, professeur en sciences de l'éducation à l'université de Bordeaux: "le niveau peu élevé des salaires, en France particulièrement, mais aussi la dégradation des conditions de travail, des statuts, et une dimension plus symbolique fortement ressentie, qui est celle du déficit de considération, de reconnaissance".
Dans de nombreux pays, et notamment en France, on est passé selon lui, "d'un métier à forte valeur sociale ajoutée, un prestige, à une forme d'incertitude des missions demandées, de perte de sens et finalement de dissonance entre l'école et la vie", regrette Régis Malet, membre de l'Institut universitaire de France.
Situation similaire en Afrique
La pénurie d’enseignants concerne aussi les autres continents. En Afrique subsaharienne, "il y a en moyenne un enseignant qualifié pour 56 élèves en primaire, et un enseignant qualifié pour 55 élèves dans le secondaire", affirme Borhene Chakroun, directeur de la division des politiques et des systèmes d'apprentissage à l'Unesco.
D'ici 2030, "le Tchad et le Niger vont devoir plus que doubler leur effectif d'enseignants dans le primaire", souligne-t-il.
Dans cette partie du globe, selon Borhene Chakroun, le recrutement d'enseignants est "inférieur aux besoins actuels et prévus, car 16,5 millions d'enseignants supplémentaires doivent encore être recrutés d'ici 2030".
Aux Etats-Unis, on assiste à une crise "sans précédent". Fin août, le Washington Post évoquait une "pénurie "catastrophique", expliquant que le pays "n'a jamais connu une situation aussi grave".
Que faire face à cette situation? Eric Topona a poser la question à ses invités:
-Hadiza Ndiaye, enseignante dans un établissement d'enseignement professionnel de Kayes, dans l'ouest du Mali.
-Alpha Amadou Bano Barry, sociologue et enseignant-chercheur à l’Université de Conakry. Il a été conseiller chargé de l'enseignement supérieur à la présidence de la République de Guinée, puis ministre de l'Éducation nationale et de l'alphabétisation (MENA).
-Éric Charbonnier, analyste, expert en éducation à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
-Dr Paul-Crescent Beninga, juriste socio politiste. Président fondateur de l'Institut Centrafricain des Sciences Sociales et de Gestion. Porte-parole du Groupe de travail de la société civile sur la crise centrafricaine. (GTSC)
Pour écouter le debat, cliquez sur la photo (ci-dessus).