Ursula von der Leyen visée par une commission d'enquête
3 juillet 2019"Elle est sortie du chapeau, un peu de nulle part. Elle a été impliquée dans la politique européenne seulement en tant que ministre allemande. Pour nous c’est une vraie surprise", a déclaré le chef du parti libéral allemand, Christian Lindner.
La sexagénaire a été ministre de la Famille, ministre de l'Emploi puis ministre de la Défense depuis 2013. Et justement, en Allemagne son nom est surtout lié à un scandale en tant que ministre de la Défense.
L’histoire remonte à 2018. Un rapport de la Cour fédérale des comptes l’épingle pour l’attribution de 375 contrats à des consultants externes pour un projet informatique entre 2015 et 2016. Un recours jugé abusif et qui représente 250 millions d’euros de dépenses pour le ministère de la Défense.
L’autre problème, c'est qu'une partie de ces contrats a été attribuée sans l’appel d’offres prévu dans ce cas. Ursula von der Leyen a reconnu que tout n’était pas clair mais elle a insisté sur le besoin de "savoir-faire extérieurs". C'est pourquoi la Commission défense du Bundestag, le Parlement allemand, a ouvert une commission d’enquête en janvier dernier.
Pour l’instant, elle n’a pas encore témoigné devant cette commission. 36 témoins seront entendus et elle sera la dernière.
Les premières auditions ont commencé en mars et elles pourraient se poursuivre jusqu'au 31 août.
Elle pourrait donc être rapidement convoquée pour témoigner devant les députés avant même de débuter son mandat de présidente de la Commission européenne. Une enquête qui pourrait la fragiliser politiquement.
Un compte Twitter crée pour l'occasion
Certains se posent la question de sa nomination à la Commission européenne. Est-ce le moyen de reclasser une ministre qui était devenue très impopulaire dans son pays ?
"Je pense qu'elle n'aurait probablement pas sa place dans un nouveau gouvernement. Elle a été ministre pendant très longtemps dans tous les gouvernements de Merkel, donc je ne pense pas qu'elle aurait un futur dans un autre gouvernement. Mais de là à dire qu'elle a été nommée parce qu'on ne veut pas qu'elle reste à Berlin, je crois que c'est exagéré", analyse Gisela Müller Brandeck Bocquet, professeure de recherche européenne et de relations internatiaonles à l'Institut de science politique et de sociologie de Würzburg.
Même si il faut le rappeler, son avenir à la Commission n’est pas encore assuré, les sociaux-démocrates, le deuxième groupe le plus puissant du Parlement, ont déjà marqué leur opposition.
Avant d’entrer en fonction, celle-ci devra en effet recueillir le soutien de la majorité des eurodéputés.