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Vers une loi contre le racisme en Tunisie?

27 décembre 2016

A Tunis, trois Congolais ont été agressés. Les associations d'étudiants africains en Tunisie ont condamné ces actes, tandis que le Premier ministre a appelé à l'examen d'un projet de loi qui pénalise le racisme.

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Tunesien Tunis Ministerpräsident Youssef Chahed hält Rede vor Parlament
Le Premier ministre Youssef Chahed demande l'examen en urgence d'un projet de loi contre la discriminationImage : Getty Images/AFP

 

Une centaine de personnes se sont rassemblées samedi à Tunis à l'appel d'associations d'étudiants africains, pour  dénoncer les multiples cas d'agressions verbales et physiques dont ils sont victimes, notamment celles subies par des Congolais: deux ont eu la gorge tranchée, et le troisième a été poignardé. Ogandaga Johan-Alix est président de l'Association des étudiants et stagiaires gabonais en Tunisie:

"Personnellement au niveau de la communauté gabonaise, on ne prend pas ça comme une attaque contre les Congolais mais contre la communauté subsaharienne en Tunisie. Vraiment nous sommes très choqués parce que ce n'est que la cristallisation de ce que nous vivons ici en Tunisie depuis quelques années déjà."

Myriam Touré, Association of African Students and Trainees
Les bureaux de l'association des étudiants et stagiaires africains en TunisieImage : DW/A. Abidi

C'est entre autres ce constat qui a poussé des organisations de la société civile tunisiennes à présenter au mois de juin leur propre proposition de loi qui criminalise toute forme de discrimination. Parmi ces organisations, le Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux. Messaoud Romdhani en est le vice-président:

"On a constaté qu'il y a un vide dans la Constitution tunisienne et un vide légal dans la loi tunisienne concernant le racisme. Et en même temps, il y a une montée d'agressions envers les Africains qui sont en Tunisie."

A ce jour, le pays ne compte aucune loi spécifique à la lutte contre les discriminations, une seule en fait mention, celle dédiée à la liberté de la presse. C'est pour y remédier que les organisations ont donc soumis un texte aux députés, qui détaille comment faire face légalement au racisme, et ce qu'il faut faire sur les plans culturel et éducatif pour que ces agressions cessent. Ce week-end, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed a demandé à ce que le Parlement examine urgemment ce projet de loi. La réaction d'Ogandaga Johan-Alix:

"Ce n'est pas une solution en soi mais c'est une partie de la solution générale parce que appeler à faire voter une loi qui criminalise la discrimination, c'est quelque chose mais la faire appliquer c'est autre chose. Parce qu'au niveau des autorités tunisiennes, la communauté subsaharienne est marginalisée, au niveau administratif et social, on est marginalisé."

D'après le quotidien La Presse, la Tunisie compte actuellement environ 6.000 étudiants venus de pays d'Afrique subsaharienne, soit moitié moins qu'avant la révolution de 2011.