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VIH/Sida : le rôle des communautés pour stopper la maladie

Uta Steinwehr | Carole Assignon
1 décembre 2023

La lutte contre le VIH/Sida passe par le renforcement des communautés pour freiner la transmission et la désinformation.

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Image symbolique de la lutte contre le sida
Le leadership de la lutte contre le sida est de plus en plus confié aux communautésImage : Sylvain Grandadam/IMAGO

"Confier le leadership aux communautés", c'est le thème retenu pour marquer la Journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida. Selon Onusida, en 2022, quelque 39 millions de personnes vivaient encore avec le sida, 1,3 million de personnes ont été infectées par le virus VIH et 630.000 personnes sont par ailleurs mortes de maladies liées au sida… Lutter contre la maladie reste donc un défi. Cela passe aussi par la lutte contre la désinformation et les fausses croyances au sujet du VIH/Sida.

Différence entre le VIH et le Sida

Alors que cela fait des années qu'on entend parler du virus du sida, il existe encore une croyance largement répandue selon laquelle si une personne est séropositive, elle est émaciée. 

Sur les réseaux sociaux, des personnes très minces expliquent ainsi qu'il arrive qu'on leur demande si elles sont séropositives en raison de leur morphologie. Et les personnes séropositives rapportent qu'on leur dit, à l'inverse, qu'elles ne semblent pas séropositives.

Holger Wicht est porte-parole de la Deutsche Aidshilfe qui regroupe des organisations qui soutiennent les personnes malades du sida.

Mise en boite de médicaments contre le VIH/Sida
L'accès aux antirétroviraux reste un défi dans certains paysImage : BARBARA DEBOUT/AFP/Getty Images

"Bien sûr, il existe des personnes dont les antécédents médicaux sont évidents. Lorsque vous êtes infecté par le VIH, il se produit dans votre corps, pendant de nombreuses années, quelque chose qui n'est pas visible du monde extérieur” explique-t-il.

Holger Wicht explique que les médicaments contre le VIH peuvent modifier l'aspect visuel du corps et provoquer, par exemple, l'affaissement des tissus adipeux des joues, mais il souligne aussi que les images vues de personnes atteintes du sida ne doivent pas être assimilées à l'infection. 

"Le sida est une maladie grave qui survient lorsque le VIH n'est pas traité. Ce sont deux choses complètement différentes. Le sida est l'étape finale, le VIH est l'infection et l'infection n'est pas visible" précise-t-il.

L'Onusida, le programme des Nations unies contre le VIH/sida, souligne également : " Une personne infectée par le VIH peut paraître en bonne santé et se sentir bien, tout en transmettant le virus". Seul un test peut déterminer le statut sérologique d'une personne.

Toutes les personnes séropositives ne sont pas contagieuses

Certaines personnes pensent encore que toutes les personnes séropositives sont contagieuses. C'est faux.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) précise que "les personnes séropositives qui suivent un traitement antirétroviral et dont la charge virale est indétectable ne transmettent pas le VIH à leurs partenaires sexuels."

Prélèvement de sang
Seul un test peut permettre de détecter le VIHImage : Jeremy Jowell/IMAGO

Les médicaments empêchent le virus VIH de se multiplier dans l'organisme. Cela réduit la charge virale, parfois à tel point qu'elle ne peut plus être détectée par les tests conventionnels. Il n'y a alors pas assez de virus dans l'organisme pour pouvoir infecter les partenaires sexuels lors des rapports sexuels. Cependant, l'OMS souligne : " Cet état de suppression virale peut être inversé si une personne perd l'accès au médicament ou ne le prend pas comme prescrit. "

Les modes de transmission

La croyance selon laquelle on peut facilement être infecté dans la vie de tous les jours par le VIH/sida est encore très répandue. Cela est aussi faux.

"La voie principale est celle de la transmission sexuelle. En d'autres termes, un contact sexuel étroit. Les autres se trouvent, par exemple, dans des contextes où vous êtes exposés à des produits sanguins. Et un exemple typique est la consommation de drogues par voie intraveineuse. L'autre méthode existe également dans le contexte de la transfusion sanguine, où un ou plusieurs produits sanguins prélevés sur une personne infectée par le VIH sont ensuite utilisés dans un autre contexte, par exemple. Voilà donc les principales voies, par exemple, d'adulte à adulte. Et puis, bien sûr, il y a aussi la transmission mère-enfant” précise Adrian Puren, directeur exécutif à l'Institut national des maladies transmissibles en Afrique du Sud.

Si une femme est infectée, elle peut en effet transmettre le virus pendant la grossesse, l'accouchement ou l'allaitement. Mais même dans ce cas, le risque d'infection peut être considérablement réduit par les médicaments que prennent la femme enceinte et éventuellement le nouveau-né. 

"Il s'agit de mettre les communautés au centre des actions"

Rappelons que le VIH ne peut être transmis que par certains fluides corporels : le sang, le sperme, le mucus du vagin ou du rectum et le lait maternel. 

L'Organisation mondiale de la santé souligne qu'on ne peut pas être infecté par des contacts quotidiens : comme se serrer la main, s'étreindre, s'embrasser ou partager des objets, de la nourriture ou de l'eau.Le VIH ne se transmet pas non plus par l'air ou les sièges des toilettes.

L'exemple du Mali

Les organisations communautaires, notamment celles de personnes vivant avec le VIH, exposées au risque ou touchées par le virus, sont désormais en première ligne pour faire avancer la riposte contre le VIH/Sida. 

C'est une approche que des organisations ont déjà adopté. C'est le cas de l'Association pour la Résilience des Communautés pour l’Accès au Développement et à la Santé – ARCAD SANTE PLUS. Basée au Mali, elle mène des actions sur le terrain avec les communautés pour faire reculer le VIH/ Sida.

C'est ce que nous explique le Dr Bintou Dembélé Keita, responsable d'ARCAD SANTE PLUS qui donne des précisions sur la lutte contre le Sida en terme de prévention, d'accès aux traitements. Elle précise par ailleurs que donner le leadership aux communautés revient à les mettre au coeur des actions de lutte contre le VIH/Sida.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique