Violences intercommunautaires en Birmanie
22 mars 2013Après une deuxième nuit consécutive sous couvre-feuà Meiktila, les forces de l'ordre, malgré une intervention musclée, ne semblent pas encore contrôler complètement la situation. L'état d'urgence a été déclaré.
Selon le dernier bilan officiel, au moins 20 personnes ont été tuées dans les violences. Des habitants avancent des chiffres encore plus élevés, mais nul ne peut pour le moment vérifier ces chiffres alors que les émeutes et pillages se poursuivent. Des mosquées et des habitations ont été incendiées dans plusieurs quartiers et plusieurs centaines de musulmans ont été regroupés dans des lieux sûrs…
Violences inter-communautaires fréquentes en Birmanie
Ces violences sont plus ou moins récurrentes dans ce pays où, hors la majorité birmane de souche, coexistent pas moins de 130 minorités ethniques différentes avec leurs langues, cultures et religions diverses ! L'été dernier, des violences entre bouddhistes de l'ethnie des Rakhines et musulmans de la minorité des Rohingyas, avaient fait plus de 180 morts et plus de 100.000 déplacés dans l'ouest du pays. Cette nouvelle flambée de violence montre que les tensions intercommunautaires concernent toute la Birmanie alors qu'une importante partie de la société considère le bouddhisme comme la clef de voûte de la culture nationale.
L'opposante Aung Saun Suu Kyi décoit les espoirs des minorités ethniques
Entretemps, les représentants des minorités ethniques sont plus que mécontents, accusant l'opposition d'être inactive sur ce plan. Dernièrement un représentant du peuple Shan a dénoncé le fait que le gouvernement aurait « neutralisé » Suu Kyi. Et de nombreux représentants des Kachin, un autre groupe ethnique, majoritairement chrétien, ont critiqué le refus de la lauréate du Prix Nobel de la Paix de condamner les atteintes aux droits de l'Homme perpétrées par les militaires contre leur minorité.
Aung Saan Suu Kyi a elle-même récemment déclaré ne plus vouloir être une idole, mais faire de la politique.
De nombreux experts estiment que si Aung Saan Suu Kyi veut remporter l'élection présidentielle en 2015, elle aura besoin non seulement du soutien d'une large frange d'électeurs, mais aussi de celui des militaires. Pour parvenir au pouvoir, il faudra donc aussi qu'elle ménage quelque peu les militaires car ceux-ci disposent toujours - indépendamment du scrutin- d'un quart des sièges réservés pour eux au Parlement.