Mémoire du nazisme et remaniement de façade en Pologne
10 janvier 2018Plusieurs sujets intéressent les éditorialistes allemands aujourd'hui. Et notamment l'idée d'une secrétaire d'Etat berlinoise qui voudrait imposer aux écoliers de visiter au moins une fois un site dédié à la mémoire des victimes du nazisme. Mais aussi les relations ombrageuses entre l'Union européenne et la nouvelle équipe gouvernementale en Pologne.
Faut-il que chaque citoyen en Allemagne ait visité au moins une fois dans sa vie un camp de concentration nazi ? C'est ce que propose une responsable politique berlinoise et die tageszeitung a décidé d'ouvrir ses colonnes à deux personnes : l'une favorable à cette idée et l'autre contre.
Celle qui est pour explique s'être rendue elle-même à Auschwitz, à 22 ans. Et elle estime qu'il serait nécessaire que les Allemands se fassent plus tôt une image précise de l'horreur du nazisme, afin que les connaissances accumulées à l'école ne restent pas des informations vagues et lointaines.
Son contradicteur, lui, estime que cette mesure, bien qu'elle parte d'un bon sentiment, ne suffirait pas à recimenter l'édifice de la société allemande, ébranlée bien plus en profondeur que cela à son avis. Et il craint que le caractère obligatoire d'une visite de camp d'extermination ou de concentration dans le cadre d'une sortie scolaire n'ait l'effet pervers de désintéresser les élèves et de déculpabiliser les politiques.
Nouvelle équipe, vieille politique
Concernant le remaniement gouvernemental en Pologne, où plusieurs ministres ouvertement anti-européens ont été remplacés, la Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande s'il ne s'agit pas juste d'une mascarade, destinée à ce que les milliards d'euros de Bruxelles participent de nouveau à développer l'économie polonaise.
De nouveaux visages ne signifient pas forcément une nouvelle politique. Et si le président Kaczynski ne peut plus renoncer à sa réforme décriée de la justice, la Pologne pourrait au moins accueillir quelques-uns des réfugiés qu'elle avait promis d'accepter sur son territoire en 2015, en guise de premier geste concret.
Même point de vue du côté de la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien de Munich en veut pour preuve le choix symbolique du premier pays visité par le nouveau Premier ministre polonais pour son premier déplacement officiel : ce n'était ni Berlin ni Paris, mais la Hongrie du populiste euro-sceptique Viktor Orban.