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Violents combats pour le contrôle de Ménaka

9 juin 2022

Des dizaines de milliers de personnes fuient les affrontements à Ménaka. Le groupe djihadiste EIGS cherche à contrôler cette région du nord-est du Mali.

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Des soldats de l'armée malienne patrouillent aux côtés de soldats français de l'opération Barkhane (Archives - Région du Liptako, 21.03.2019)
Ces hostilités coïncident avec le retrait militaire en cours de la France et ses alliés européensImage : Getty Images/AFP/D. Benoit

La situation humanitaire à Ménaka reste alarmante, selon de nouveaux témoignages provenant de cette région située dans le nord-est du Mali.

Des centaines de civils auraient été tués et des milliers d'autres déplacés ces derniers mois en lien avec des combats contre le groupe djihadiste "Etat islamique dans le Grand Sahara" (EIGS).

Dans ces affrontements, les Forces armées maliennes (FAMa) ont rejoint des groupes armés majoritairement touaregs et signataires de l'Accord de paix d'Alger.

Fin mai déjà, lors d'une visite, le chef de la mission de l'Onu au Mali, El Ghassim Wane, jugeait la situation à Ménaka "extrêmement dramatique".

Un constat que confirme Ibrahima Garigo. Le directeur de la Radio rurale de Ménaka, une station partenaire de la Deutsche Welle, se préoccupe notamment du sort des personnes déplacées. Lisez ou écoutez son témoignage ci-dessous.

Des femmes et des enfants parmi les victimes 

Ibrahima Garigo : Même à l'intérieur de la ville de Ménaka, l'insécurité a pris ses quartiers. Ces violences sont ponctuées de beaucoup de morts, de blessés dont certains ont été référés vers des hôpitaux et surtout, de beaucoup de déplacés. Ils sont 32.000 selon les humanitaires qui sont à Ménaka: La plupart des déplacés sont des femmes et des enfants.

DW : Est-ce que vous voyez ces gens ?

Ibrahima Garigo : Oui, on les voit, ils sont là ! Ce sont des femmes et des enfants, des veuves et des orphelins. C'est très grave.

>>> Lire aussi : Annalena Baerbock au Mali pour jauger la situation

 

DW : Une bonne partie de la région de Ménaka est aujourd'hui sous le contrôle des djihadistes, a déclaré à l'AFP Abdoul Wahab ag Ahmed Mohamed, président des autorités intérimaires de Ménaka. Qu'en pensez-vous ?

Ibrahima Garigo : Il a raison, parce que ce sont des zones où les symboles de l'Etat ne sont pas présents. Et le principal capital de ces éleveurs, c'est le bétail. Tout le bétail aussi est parti.

Imposition de la charia

DW : Qu'est-ce que les djihadistes réclament aux populations ?

Ibrahima Garigo : C'est le respect seulement des prescriptions de l'islam, de respecter leur charia, de respecter leur ligne de conduite. C'est tout. Sinon, il n'y a pas de violences à l'égard des populations civiles.

DW : Mais quels sont ces groupes djihadistes dont il est question ?

Ibrahima Garigo : C'est l'Etat islamique dans le Grand Sahara. C'est ce groupe qui est surtout présent dans la région de Ménaka et à cheval entre le Niger et le Mali, à partir du cercle d'Andéramboukane.

>>> Lire aussi : Mort du djihadiste Abou Walid al-Sahraoui, chef de l'EIGS

DW : La zone dite "des trois frontières"... A quand remontent les tout derniers affrontements entre les forces coalisées et l'EIGS ?

Ibrahima Garigo : Je crois que cela doit être en début de semaine, du dimanche au lundi. Ensuite, il y a eu une accalmie. Pour le moment, il n'y a pas eu tellement d'informations qui circulent par rapport à la reprise des combats.

La presse aussi victime de l'insécurité

Ibrahima Garigo : "Les principales victimes, ce sont les civils"

DW : Vous êtes le directeur de la Radio rurale de Ménaka. Est-ce que cette insécurité affecte le bon fonctionnement de votre radio ?

Ibrahima Garigo : Oui ! Là, même dans le traitement de l'information, il faut de la prudence. Il y a des termes que vous, vous pouvez utiliser en étant en Europe ou bien à Bamako. Pour nous, il y a des termes qu'il faut réadapter en fonction de la proximité...

DW : Des précautions pour éviter des représailles ?

Ibrahima Garigo : Il y a des enlèvements des animaux, il y a des enlèvements même des personnes.

DW : Quel message avez-vous à adresser aux autorités de Bamako ?

Ibrahima Garigo : Les autorités du Mali doivent s'appesantir sur la chefferie traditionnelle qui constitue aussi un relais entre les communautés et l'administration.

DW : Oui, mais pensez-vous, vu la nature de ce conflit, que les chefferies traditionnelles ont un rôle à jouer ?

Ibrahima Garigo : Il y a des leaders religieux qui sont encore écoutés parce que l'insécurité a amené une autre forme d'insécurité, à savoir l'incivisme. Parce que quand quelqu'un possède une arme, il essaie de se faire respecter.

Il s'agit de faire une médiation parce que les principales victimes, ce sont les civils.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum