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EconomieAllemagne

Les personnes réfugiées s’intègrent bien sur le marché du travail allemand // En Grèce, le difficile virage numérique

Hugo Flotat-Talon
2 août 2023

Après les arrivés importantes de personnes réfugiées en Allemagne, notamment dès 2015, le bilan de leur intégration sur le marché du travail est positif révèle une étude qui vient d’être publiée. En seconde partie de ce magazine : reportage en Grèce où le gouvernement veut digitaliser de nombreux services. Cela pose problème, notamment pour les personnes âgées.

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C'est une étude très positive que vient de publier l'Institut de recherche sur le marché du travail et l'emploi en Allemagne (IAB). Les auteurs se sont concentrés sur l'intégration des personnes réfugiées sur le marché du travail. Elles sont nombreuses : plus de deux millions de personnes étaient réfugiées en Allemagne fin 2022, hors personnes venues d'Ukraine, pas prises en compte dans l'étude. Des personnes pour beaucoup venues de Syrie, d'Afghanistan ou alors de pays de la Corne de l'Afrique. 

Réécouter → 2018 : Trois ans d'accueil des réfugiés à Bonn en Allemagne

Chercheurs et analystes se sont concentrés sur le parcours des personnes arrivées en Allemagne à partir de 2015. Ils racontent des débuts difficiles, à cause de démarches administratives ou du temps nécessaire pour apprendre allemand. Mais après plusieurs années, les résultats sont positifs : plus de la moitié des personnes ont désormais un emploi.

"On s'était dit en 2015 : « Si nous atteignons un taux d'activité de 50 % au bout de cinq ou six ans, nous serons très bons. » Et nous sommes maintenant à 54 % en 2021, malgré la pandémie de COVID-19", analyse dans Vu d'Allemagne Herbert Brücker, chef de département à l'Institut pour le marché du travail et la recherche professionnelle et également directeur de l'Institut de recherche empirique sur l'intégration et la migration à Berlin. "Nous avons donc dépassé les attentes et pour les personnes qui sont ici depuis sept ans ou huit ans, nous sommes même à un taux d'activité de 62%. C'est plutôt bon. C'est seulement 10 ou 12 % de moins que la population allemande dans son ensemble." 

Des jeunes réfugiés travaillent dans un atelier de Siemens
Le nombre de personnes fréquentant des établissements de formation ou d’enseignement est aussi en hausseImage : Monika Skolimowska/dpa-Zentralbild/picture alliance

Une écrassante majorité de personnes envisagent de rester

Le pourcentage de personnes à temps plein est même plus haut chez les personnes réfugiées que la moyenne allemande dans son ensemble. Des personnes qui à 95% envisagent de rester dans la République fédérale sur le long terme. Une bonne nouvelle pour l'Allemagne qui manque de main d'oeuvre partout. 

Ecouter aussi → Les campagnes allemandes en manque de médecins - Vu d'Allemagne du 24 mai 2023

Le problème, ce sont parfois les activités exercées par ces personnes. Quarante pourcents exercent un métier en-dessous de leur qualification dans leur pays d'origine. Mais là encore, "ça s'est amélioré", raconte Herbert Brücker. "Au début, c'était plus de 60 %". Lui et ses collègues insistent d'ailleurs sur un autre chiffre positif. "Soixante-dix pourcents des gens ont un emploi qualifié". Reste que 41 % exercent une activité professionnelle où leur niveau de qualification est inférieur à ce qu'il était avant leur arrivée de leur pays d'origine. "Beaucoup de ces personnes ont exercé des activités très qualifiées dans le domaine des services, par exemple dans le commerce. Et il n'est souvent pas possible d'avoir la même activité dans la même mesure en Allemagne", explique Herbert Brücker. 

Ecouter aussi → Le malaise des travailleurs étrangers en Allemagne - Vu d'Allemagne du 14 mars 2023

Des salaires en hausse 

Des réfugiés syriens arrivent dans un dortoir avec des valises en 2015
Autre bonne nouvelle apportée par l’étude : sept ans après leur arrivée, 85% des personnes réfugiées disposent d’un logement propre et ne doivent plus dormir dans des centres d'accueil collectifsImage : picture-alliance/dpa/B. Schackow

Autre bonne nouvelle de cette étude : en ce qui concerne les salaires. La moyenne de ce que gagnent les personnes concernées a aussi augmenté avec les années. Et plus les personnes sont en Allemagne depuis longtemps, plus cela augmente. "Nous sommes actuellement à plus de 2000 euros par mois pour les employés à temps plein", détaille Herbert Brücker. Cela augmente, mais ne représente que 60% de la moyenne des salaires allemands. "Il y a donc là encore une marge de progression considérable", estime-t-il.

Cette différence s'explique notamment par l'âge moyen peu élevé des réfugiés. Ils sont en moyenne beaucoup plus jeunes que l'ensemble des travailleurs allemands. "Et sur le marché du travail allemand, on gagne beaucoup plus d'argent quand on est plus âgé. D'ailleurs les jeunes réfugiés, c'est-à-dire les 18-25 ans, gagnent 75% de ce que gagnent leurs collègues du même âge en Allemagne. L'écart n'est donc pas si grand, et la situation devrait s'améliorer au fil du temps. Mais il y a bien encore une marge de progression considérable", analyse encore Herbert Brücker.

Ecarts importants entre hommes et femmes 

Il reste aussi beaucoup à faire pour rattraper les écarts entre les hommes et les femmes. Des différences très importantes. Si, sept ans après leur arrivée, 76% des hommes travaillent, les femmes ne sont que 26% a avoir une activité. Cela s'explique en grande partie par la présence d'enfants en bas âge dans les familles. Ce sont, comme pour les personnes nées allemandes, encore bien souvent les mères qui arrêtent de travailler pour s'occuper de l'éducation et garder les enfants à la maison. "Il est essentiel d'aborder des questions telles que la garde des enfants", insiste Herbert Brücker. 

Encore des possibilités d'amélioration 

Pour améliorer encore l'intégration, les pouvoirs publics peuvent agir aussi sur d'autres points assure-t-il encore. "Il s'agit de proposer aussi plus de programmes linguistiques, parfois peut-être plus poussés que par le passé et d'investir dans l'éducation et la formation. Je pense que c'est la chose la plus importante."

L'Institut de recherche sur le marché du travail et l'emploi évoque également le renforcement des services d'aide à la recherche de travail. Herbert Brücker évoque aussi la répartition des personnes réfugiées sur le territoire allemand. "Nous devons tirer les leçons des erreurs que nous avons commises, pour aider mieux les nouveaux arrivants. Nous avons très fortement envoyé des réfugiés dans des régions structurellement faibles avec un taux de chômage élevé. Cela a fortement entravé les chances d'intégration. Et parfois nous avons commencé trop tard avec les programmes linguistiques et d'intégrations aussi. Nous devrions permettre aux nouveaux arrivants d'y avoir accès plus rapidement." 

Cela serait positif pour l'économie, mais aussi la société dans son ensemble. "Une politique ciblée permettra de promouvoir davantage tant l'intégration sur le marché du travail que la participation à d'autres domaines de la vie sociale", concluent les auteurs.

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Difficile virage numérique en Grèce

Un homme regarde sur son portable sur une place à Athènes
En Grèce, près d’un quart de la population a plus de 65 ansImage : Nikolas Kokovlis/NurPhoto/picture alliance

En seconde partie de ce podcast, Vu d'Allemagne prend le chemin de la Grèce. C'est là que le tout récemment réélu Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, compte bien mettre en oeuvre un de ses réformes phares déjà entamée lors de son premier mandat : celle de la numérisation de la société grecque. Une numérisation voulue alors que la Grèce figurait il y a quelques années encore parmi les derniers pays européens en matière de "performance digitale". De nombreux services ne sont plus disponibles que via Internet et un téléphone. Une avancée pour la société selon le Premier ministre. Mais tout le monde ne le voit pas ainsi et beaucoup se sentent exclus de ce virage numérique comme le raconte Thomas Jacobi. 

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_