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Au Burundi, Evariste Ndayishimiye inspire espoirs et regrets

27 janvier 2020

Le parti au pouvoir a désigné Evariste Ndayishimiye comme candidat du CNDD-FDD à la présidentielle de mai 2020. Or ce général est un des acteurs clés du système en place, accusé de nombreuses exactions depuis 2015.

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Pierre Nkurunziza avait annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat
Pierre Nkurunziza avait annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandatImage : Reuters/T. Mukoya

"C’est l’appareil militaire qui revient en force"- (Aimé Magera, opposant)

Evariste Ndayishimiye est le premier candidat déclaré officiellement à la présidentielle de mai 2020. Il défendra les couleurs du parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

L'actuel président, Pierre Nkurunziza respecte donc sa promesse de se retirer du pouvoir.

L'annonce en avril 2015 de sa candidature au troisième mandat qui s'achève a précipité le pays dans une grave crise politique.

1.200 personnes ont été tuées et plusieurs centaines de milliers de Burundais ont été contraints de fuir d'après les estimations de la Cour pénale internationale.

Evariste Ndayishimiye est presque assuré de prendre la succession de Pierre Nkurunziza
Evariste Ndayishimiye est presque assuré de prendre la succession de Pierre Nkurunziza Image : Reuters/E. Ngendakumana

Dialogue et ouverture

Parmi les Burundais exilés, Pacifique Nininahazwe, une figure majeure de la société civile, se montre soulagé avec le choix du CNDD-FDD. "Le général Ndayishimiye n'est pas cité dans les nombreux crimes de sang et dans la corruption, ce qui nous donne un peu d'espoir. Et c'est un homme réputé comme un homme de dialogue, d'ouverture. Le dialogue et l'ouverture, c'est tout ce dont le Burundi a besoin en cette période pour sortir de cette crise grave", estime le président du Forum pour la conscience et le développement (Focode).

Evariste Ndayishimiye est un des acteurs majeurs du système en place, "donc nous restons prudents car nous ne savons pas quelle sera la marge de manœuvre du général Ndayishimiye. Mais nous espérons qu'il pourra se détacher de l'emprise de Pierre Nkurunziza et, s'il est élu en mai prochain, qu'il arrivera à devenir le président de tous les Burundais et non un président d'une partie des Burundais comme [l'est] le président Pierre Nkurunziza”, estime Pacifique Nininahazwe.

 

La nouvelle constitution burundaise accorde un mandat de 7 ans au président élu
La nouvelle constitution burundaise accorde un mandat de 7 ans au président éluImage : picture-alliance/Photoshot/E. Ngendakumana

Election jouée d'avance

Rares sont les opposants politiques présents physiquement au Burundi. L'un d'entre eux est un rival de longue date de Pierre Nkurunziza : Agathon Rwasa. Il occupe le poste de vice-président de l'Assemblée nationale et se plaint régulièrement de violences à l'encontre des militants de son parti, le Conseil national pour la liberté (CNL).

Aimé Magera le porte-parole du parti à l'étranger, ne partage pas l'espoir de son compatriote Pacifique Nininahazwe.

Selon lui, Evariste Ndayishimiye "a beaucoup de sang sur ses mains ! En tant que ministre de l'Intérieur, il avait fait plusieurs victimes au sein du parti FLN (Front de libération nationale, ancienne appellation du CNL, ndlr) et nous avons dressé des listes et publié des rapports ! Il représente l'aile dure du système et surtout c'est l'appareil militaire qui revient en force !”.

Dans le contexte actuel, il paraît difficile pour les opposants de participer au processus électoral dans de bonnes conditions.

Selon l'opposant en exil Jérémie Minani, le candidat du CNDD-FDD Evariste Ndayishimiye sera un président imposé car "ces élections sont organisées par le seul parti le CNDD-FDD ! C'est son parti qui dicte l'organisation et les résultats de ce parti. Les seuls opposants qui restent à l'intérieur du pays sont muselés. L'espace politique est verrouillé. Nous pensons que le candidat du CNDD-FDD sera imposé. Espérons que nous avons tort !”

Âgé de 52 ans, Evariste Ndayishimiye est un des hommes clés du système au pouvoir actuellement. Il partage un parcours commun avec Pierre Nkurunziza, le président sortant, qui gardera sans doute une influence sur la vie politique du pays.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum