Vos questions sur les législatives allemandes
20 septembre 2017Pour nous envoyer vos questions, écrivez-nous un courriel, un message sur Facebook ou sur WhatsApp. Le tout agrémenté du hashtag #DemandezàlaDW et de votre question, bien sûr ! Merci de penser toujours à indiquer votre prénom ainsi que le lieu d'où vous nous écrivez !
BUNDESTAG/députés
· Comment les législatives se déroulent-elles ?
Lisez notre article pour en savoir plus : ABC des législatives allemandes
· Est-ce que le nombre de mandats est limité pour les députés du Bundestag ?
Les députés du Bundestag (chambre basse du Parlement) sont élus pour un mandat de quatre ans renouvelable. Le Bundestag est l'organe législatif le plus important de la fédération (Bund). Le nombre de mandats des députés du Bundestag n'est pas limité. C'est le président fédéral (Bundespräsident, fonction essentiellement honorifique) qui n'est rééligible qu'une seule fois.
CHANCELIER/CHANCELIÈRE ET PRÉSIDENT(E)
· Comment l'élection du chancelier se passe-t-elle ?
Voir les explications sur le site du Bundestag (en français !)
· Sur quels critères le chancelier est-il choisi ?
Le chancelier est choisi par le groupe majoritaire dans la nouvelle assemblée, issue des élections législatives. Si plusieurs partis s'allient pour former une majorité, c'est le parti le plus fort de la coalition qui désigne le chancelier. En règle générale, il s'agit d'une personnalité de ce parti, qui a été annoncée durant la campagne électorale. Quant aux critères personnels, il s'agit souvent d'une personne charismatique ou qui est capable de prendre des décisions. Les fonctions de chancelier représentent les plus hautes responsabilités du pouvoir exécutif allemand.
· Pourquoi le nombre de mandats de la chancellerie n'est pas limité alors que celui du président l'est ?
C'est la Loi fondamentale allemande qui régit ces questions. Ainsi, le chancelier peut être réélu indéfiniment. Le candidat à ce poste-clé doit simplement être âgé de plus de 18 ans et avoir la nationalité allemande.
Le président fédéral, en revanche, ne peut être réélu qu'une seule fois. Il représente l'Allemagne à l'étranger et signe les accords internationaux – un rôle essentiellement protocolaire. Mais il peut aussi dissoudre le Bundestag si le candidat à la chancellerie n'a obtenu aucune majorité lors du vote des députés. C'est aussi lui qui paraphe les lois fédérales, il peut donc en théorie faire barrage à un projet de loi. Enfin, la plupart des présidents allemands de l'après-guerre ont joué un rôle moral, en prenant position sur des sujets de société.
La question du nombre de mandats a été débattue jusqu'au sommet de l'État en Allemagne. L'ancien chancelier Helmut Schmidt considérait ainsi comme une grande erreur le fait que la Loi fondamentale autorise un chancelier – détenteur du pouvoir politique – à gouverner indéfiniment, tandis que le président est limité à deux mandats. Selon lui, c'est le contraire qui aurait été le plus juste.
· Qui est le président allemand ?
Apollinaire, un jeune auditeur congolais nous demande qui est le président allemand en ce moment. Il s'appelle Frank-Walter Steinmeier, élu en 2017 pour quatre ans. Frank-Walter Steinmeier et un ancien ministre social-démocrate des affaires étrangères et il a été élu dès le premier tour. Il a succédé à Joachim Gauck et a un rôle principalement honorifique en Allemagne . Vous pouvez lire son portrait ici.
SYSTÈME ELECTORAL
· Y a-t-il un délai fixé pour compiler et publier les résultats ?
La compilation des résultats est réglée dans le chapitre 6 du Code électoral. Elle est le fruit d'un processus complexe : chaque bureau effectue un dépouillement des voix exprimées, les résultats sont transmis à la circonscription, à la commune, à la région et à la fédération. Sont pris en compte aussi les bulletins de vote par correspondance. Puis un calcul savant est opéré d'après la formule du "diviseur électoral" pour déterminer la répartition des sièges entre les partis et les candidats (dose de proportionnelle).
Bref, tous ces calculs font que dès la fermeture des bureaux, les premières tendances sont publiées, avec une marge d'erreur assez réduite. Les résultats définitifs sont publiés en général le lendemain du vote. La nouvelle assemblée siège au plus tard 30 jours après le scrutin (au plus tard le 24 octobre 2017), mais il est possible de contester les résultats deux mois après le scrutin (jusqu'au 24 novembre cette année).
PARTIS/CANDIDATS
· Comment les électeurs pourront-ils départager les candidats alors que leurs partis ont dirigé le pays ensemble dans la grande coalition ?
La grande coalition formée par les unions conservatrices CDU/CSU et le parti social-démocrate (SPD) après les élections de 2013 est le fruit d'un contrat, lui-même issu d'intenses négociations. Les futurs partenaires ont dû s'accorder sur chaque domaine politique pour définir les grandes lignes de leur coopération. Chaque parti a donc fait des concessions sur des promesses de campagne. Le SPD, par exemple, a renoncé à des hausses d'impôts tandis que la CDU/CSU a accepté de soutenir l'instauration d'un salaire minimum.
Pour les élections de 2017, les deux partis ont publié chacun leur programme. Et même si le débat entre Angela Merkel et Martin Schulz a été cordial, les téléspectateurs ont pu constater qu'ils avaient des divergences de vue sur plusieurs sujets. Si à l'issue des élections, aucun des deux partis n'obtient une majorité absolue – ce qui est probable en raison du système électoral (voir plus haut) – le parti ayant obtenu le score le plus élevé engagera des discussions de coalition avec les partenaires de son choix… et chacun devra, de nouveau, faire des concessions pour diriger le pays ces quatre prochaines années.
· Combien de candidats se présentent ?
42 partis ont envoyé des candidats dans la course pour ces législatives 2017 avec au total 4.828 candidats, dont 1.400 femmes. Parmi ces candidats, 885 se présentent uniquement dans leur circonscription et 2.269 uniquement sur la liste régionale de leur parti. 1.674 candidats se présentent à la fois au niveau de leur circonscription et de la liste régionale.
· Comment les grandes entreprises allemandes contribuent-elles au financement des partis en lice?
Les partis se financent par les cotisations de leurs membres et de leurs élus, mais aussi par des dons de personnes privées ou juridiques, des subventions publiques et des revenus annexes. En Allemagne, les dons ne sont pas plafonnés. Et même si les dons d'entreprises sont autorisés (contrairement à la France par exemple), la part des dons du secteur privé et des revenus d'activités économiques dans le financement des partis n'est pas plus élevée qu'ailleurs. Elle représente en moyenne 17% des revenus des partis.
En 2014, les cinq partis représentés au Bundestag ont enregistré des recettes de 422,5 millions d'euros. Les subventions publiques représentaient la plus grande part avec 134,8 millions d'euros, suivies des cotisations des membres avec 116 millions. Les dons arrivaient à la troisième place avec un montant de 61,7 millions d'euros. Tandis que les subventions représentaient la plus grande source de revenus pour la CDU, les Verts et le parti Die Linke, le SPD a pu compter majoritairement sur les cotisations de ses membres, et la CSU bavaroise sur des dons.
Vous pouvez également (ré) écouter le magazine Vu d'Allemagne consacré au financement des partis politiques en Allemagne.
Comment les partis politiques allemands ont-ils choisi les couleurs qui les symbolisent?
Noir pour la CDU, bleu pour la CSU et l'AfD, rouge pour le SPD et Die Linke, jaune pour le FDP et vert pour les écologistes... voilà la palette des couleurs des partis politiques en Allemagne. Pourquoi? L'historien des idées Klaus-Peter Sick répond ici à cette question.
CAMPAGNE ÉLECTORALE
· Quels sont les principaux enjeux de la campagne electorale pour les Allemands? Y a-t-il un réel engouement autour de cette campagne?
La campagne de ces législatives 2017 se déroule tranquillement. Ce serait même la campagne la plus ennuyeuse depuis longtemps. Il faut dire qu'il y a peu de thèmes susceptibles de passionner les foules. Deux tiers des Allemands – surtout de la classe moyenne – sont satisfaits de leur situation économique et ne voient pas de raison à l'alternance politique. Le parti populiste AfD, lui, a orienté sa campagne vers l'extrême-droite. Ses militants et candidats osent désormais dire tout haut ce qu'ils pensaient tout bas. Le discours s'est radicalisé.
· Pourquoi Angela Merkel est-elle impopulaire à l'Est ?
Angela Merkel a connu une importante chute de popularité en 2016, en raison de la "crise des réfugiés", mais depuis juin 2017 elle est de nouveau en haut des sondages – au niveau national. Dans l'est de l'Allemagne, les meetings de campagne ont été une épreuve pour la chancelière-candidate. Elle a été accueillie par endroits à coups de tomates et de sifflets par des militants du parti populiste AfD qui criaient "dégage" et lui reprochaient d'avoir "trahi le peuple".
C'est d'ailleurs dans les Länder de l'ex-RDA que l'extrême-droite a le plus de chance de marquer des points le 24 septembre, voire de permettre à l'AfD de devenir le troisième parti après la CDU/CSU et le SPD. 27 ans après la Réunification, l'Est de l'Allemagne est toujours à la traîne, avec un taux de chômage toujours supérieur à la moyenne nationale. Le manque de perspectives conduit de nombreux jeunes à partir, ce qui entraîne un vieillissement de la population et une baisse des recettes fiscales pour les communes. Un rapport gouvernemental de 2016 soulignait une radicalisation grandissante dans les Länder de l'est. Celui de 2017 n'est pas plus optimiste.
PROGRAMMES
· Quelle est la politique africaine des principaux candidats à la chancellerie?
Cette année, l'Afrique a été très présente dans l'agenda politique allemand avec des moments forts comme le G20, le "Compact with Africa" et le "plan Marshall pour l'Afrique". Sans représenter une priorité, le continent africain est néanmoins présent dans les programmes des partis par le biais de la question migratoire. Plus de détails dans notre article.