Des jeunes insatisfaits du bilan d’Idriss Déby au Tchad
8 avril 2021Le président sortant Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans, se présente pour un nouveau mandat dans un scrutin jugé non crédible par les ténors de l’opposition qui ont décidé de ne pas participer.
C’est ce que pense aussi la plupart des jeunes de Moundou pour qui, la présidentielle du 11 avril est tout sauf une élection crédible. Ces jeunes, composés en majorités de diplômés sans-emplois, n’ont d’ailleurs qu’une seule chose en tête : comment faire pour trouver un travail ?
"Les élections en ce moment, ce n’est pas ma préoccupation. Mon souci c’est comment faire pour trouver du boulot ? Ça fait 30 ans qu’on organise les élections mais c’est toujours Déby qui est au pouvoir. Je suis allé à l’école, j’ai obtenu des diplômes mais je n’arrive pas à trouver du travail. Il faut que Déby parte et j’encourage l’opposition et la société civile à maintenir la pression dans la rue", a déclaré Major Narledji, conducteur de moto-taxi agé de 37 ans. Titulaire d’un master en droit, il doit exercer cette activité pour subvenir à ses besoins, faute d’emploi.
Avis similaire de Jean-Michel Djérané, militant de l’opposition. Celui-ci s’inquiète du climat politique tendu en raison des manifestations de l’opposition, souvent réprimées par la force, contre le sixième mandat du président Idriss Déby.
"Pour moi c’est tout sauf une élection. Le climat politique aujourd’hui est à son comble par ce que le gouvernement en place n’écoute pas sa population. On a à faire à un gouvernement complétement aveugle et c’est très dangereux pour la démocratie tchadienne. A quoi ça sert d’organiser une élection si nous connaissons déjà le résultat d’avance ? Tous ces milliards qui seront engloutis dans ce semblant d’élection pourraient servir à faire autre chose que d’organiser cette mascarade."
Idriss Deby compte sur ses partisans
Au Tchad, le pouvoir a aussi ses soutiens. Ignaces Mbairam, qui dirige un bureau de soutien au Mouvement patriotique du salut, le parti au pouvoir, estime que le candidat Idriss Déby Itno demeure le seul homme capable de diriger le Tchad.
"Si le Tchad est respecté en sécurité dans la sous-région aujourd’hui, c’est grâce à Déby. Cet homme a construit des hôpitaux, des universités et des écoles. L’argument de longévité au pouvoir ne tient pas. Même en Allemagne madame Merkel a fait quatre mandats. Pouvez-vous me dire depuis combien d’années Poutine et Paul Kagamé sont au pouvoir ? Moi je préfère Déby pour la stabilité du pays", a fait savoir Ignaces Mbairam.
Pendant que les militants du parti au pouvoir continuent de battre campagne en faveur de leur candidat, l’opposition appellent ses partisans au boycott du scrutin.
Moundou, deuxième ville du Tchad, est considérée comme la capitale économique. C’est l’une des rares villes où le président tchadien a toujours perdu lors des différentes échéances électorales.