Envoyer ou non des armes aux Kurdes
12 août 2014Le gouvernement allemand ne veut pas fournir d'armes aux Kurdes irakiens pour lutter contre l'État islamique, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il invoque une neutralité qui n'existe pourtant pas. Il se repose sur le principe de ne pas envoyer d'armes dans une zone de conflit. Or, les Kurdes doivent faire face à des combattants très bien armés. Il faut les aider, insiste le journal. Le gouvernement fédéral devrait au moins s'allier au Royaume-Uni et à la France, qui sont engagés, en larguant de l'aide humanitaire aux réfugiés irakiens.
«L'Irak est en feu, les Yézidis meurent et la politique allemande est en vacances», s'insurge Die Welt. Alors que Washington a pris les commandes et mène l'offensive contre les islamistes, l'inaction du gouvernement allemand est «honteuse». Il faut aider ces milliers de Yézidis, membres d'une minorité kurde, qui tentent de survivre dans les montagnes arides pour échapper à des «islamistes bouchers». Il n'y a pas de temps à perdre. La situation en Irak est à peine moins dramatique que celle au Kosovo, dans les Balkans, en 1999. Et là, l'Otan avait bombardé pour tenter d'éviter une catastrophe humanitaire. Le Kosovo est aujourd'hui un protectorat de l'Onu; l'Union européenne et l'Otan y sont impliqués. L'Allemagne n'a pas besoin d'être en première ligne, souligne le journal, mais elle doit se montrer solidaire.
La Süddeutsche Zeitung se montre, elle, plus prudente dans son commentaire. Les combattants de l'État islamique ont bien récupéré des armes américaines, qui appartenaient à l'armée irakienne. Ils sont très bien équipés, note la Süddeutsche Zeitung. Mais les soldats kurdes ne les combattent pas avec des «fusils de chasse», comme l'a évoqué un député allemand. Eux aussi ont du matériel américain et ont été formés par l'armée de Washington. Il est vrai que les avions américains ne pourront pas mener des raids pendant des mois et que les Kurdes ont besoin de se défendre eux-mêmes contre les islamistes sunnites, assure le quotidien. Mais envoyer des armes, qui peuvent tomber entre les mains de l'Etat islamique, c'est s'engager sur un chemin sans retour, alors que l'Irak risque la guerre civile.