Hong Kong muselée pour la commémoration de Tiananmen
4 juin 2021Pendant des années, Hong Kong et Macao étaient les seuls territoires de Chine où il était possible de commémorer l’anniversaire du massacre de la place Tiananmen, lorsque le 4 juin 1989, l’armée chinoise avait réprimé le mouvement étudiant et social après plusieurs semaines de manifestations à Pékin.
32 ans après, un bilan humain officiel n’a toujours pas été publié. Il varie selon les sources entre plusieurs centaines de victimes jusqu’à 10.000 morts en une seule nuit.
A Hong Kong, la tradition pour commémorer ce massacre consistait en une veillée avec des bougies dans le grand parc Victoria, en plein centre de l’île de Hong Kong, un endroit connu pour être le lieu de rassemblement des événements prodémocratie.
7.000 policiers
L’an dernier déjà, les autorités avaient interdit toute commémoration des événements de Tiananmen à Hong Kong, officiellement à cause des restrictions liées à la pandémie de coronavirus. Cela n’avait empêché des dizaines de milliers de personnes de braver cette interdiction.
Cette année, les rassemblements ont à nouveau été proscrits, bien que la ville n’ait enregistré quasiment aucun nouveau cas de contamination à la Covid-19 ces dernières semaines.
Quelque 7.000 policiers ont été mobilisés pour faire respecter la consigne. Des barrières ont été érigées autour du parc Victoria, resté vide pour la première fois en 32 ans, sous le regard de trois cordons de policiers fouillant toute personne approchant le parc, tandis que des haut-parleurs appelaient la foule présente dans les rues adjacentes à se disperser.
Arrestation d’une militante
Par ailleurs, Chow Hang-tung, figure du mouvement prodémocratie, a été arrêtée ce vendredi. Elle est l’une des vice-présidentes de l’Alliance Hongkong qui organise généralement ces veillées aux chandelles. Chow Hang-tung avait fait savoir qu’elle comptait se rendre à titre personnel au parc Victoria.
Ce tour de vis est une nouvelle illustration de l’emprise grandissante de Pékin sur ce petit territoire semi-autonome, l’une des plaques tournantes entre l’Occident et l’Orient.
Hier, Lee Cheuk-yan, également à la tête de l’Alliance Hongkong et actuellement en détention, avait écrit sur son compte Facebook que "un régime peut interdire un rassemblement mais il ne pourra jamais interdire les revendications qui sont au plus profond des individus".
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En effet, les Hongkongais ont été invités à commémorer Tiananmen sur les réseaux sociaux et à allumer des bougies chez eux.
Un peu partout en ville, on pouvait ainsi voir de petites lumières dans les rues ou aux fenêtres. A défaut d’une bougie, certains ont utilisé la torche de leur smartphone. D’autres se sont rendus dans les églises de Hongkong qui ont ouvert leurs portes pour cette journée.