La Cémac fait-elle face au risque d'une crise monétaire ?
17 décembre 2024Alors que le Fonds monétaire international s'inquiète de l'accroissement de la dette publique des Etats membres de cette organisation sous-régionale. Le président camerounais, Paul Biya, a mis en garde ses pairs sur le fait que si rien n'est fait, la Cémac fera face à des conséquences désastreuses, à la fois pour les pays membres, mais aussi pour la sous-région.
Désormais, l'urgence pour la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale est de faire face à une inflation dépassant les seuils de convergence, prévenir un risque de surendettement et endiguer la baisse des réserves extérieures.
Pour Thierry Ndong, journaliste des questions économiques à Yaoundé, le risque d'une crise monétaire plane, malgré des cours pétroliers favorables aux pays de la Cémac.
"Si on s'en tient au FMI, à la Banque mondiale et, dans une certaine mesure, à la Banque de France où est logé le compte d'opérations de la banque centrale des pays de la Cémac…si on s'en tient donc à ces institutions, la situation économique de la zone Cémac est préoccupante. Les indicateurs économiques sont pratiquement tous au rouge.", a dit Ndong.
Selon le dernier rapport (2023-2024) du Programme des Nations unies pour le développement, les Etats de la Cémac peinent en matière de développement humain et ce, malgré d'importantes ressources géologiques. Ce rapport révèle des indicateurs très faibles sur le bien-être des populations.
Si, au niveau politique, on explique cette mauvaise situation économique par les nombreux chocs exogènes et endogènes de ces dernières années, notamment la Covid-19 et le changement climatique, des experts, eux, pointent surtout la gouvernance.
"On gagnerait pratiquement 2% de croissance"
Djimadoum Mandekor, spécialiste en économie et finances et ancien fonctionnaire de la Banque des Etats d'Afrique centrale, estime que la gouvernance est la base d'une croissance économique inclusive.
"Je crois qu'il y a eu des études du FMI qui indiquaient que si on avait le même niveau de gouvernance que l'UEMOA, on gagnerait pratiquement 2% de taux de croissance du PIB. Donc, vous voyez combien, je dirais, la question de la gouvernance est importante pour assurer encore une fois une croissance, aujourd'hui, que tout le monde appelle à être inclusive, pour le bien de plus de 60 millions d'Africains dans sa partie centrale.", regrette Mandekor.
Un problème de gouvernance ?
Alors que différents médias ont évoqué, ces derniers jours, la possibilité d'une dévaluation du franc CFA, la présidence camerounaise a indiqué qu'aucun ajustement monétaire n'était à l'ordre du jour. Pour l'économiste Djimadoum Mandekor, la Cémac a besoin de réformes.
"Il faut rationaliser les dépenses, aller vers les dépenses les plus utiles socialement et économiquement. Et le traité de la Cémac existe depuis mars 1994. Trente ans après, je crois qu'il serait bon de s'arrêter et de regarder. L'intégration est utile, l'intégration est un élément de dynamisme pour la croissance.", affirme-t-il.
La Cémac comprend six pays de l'Afrique centrale que sont le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad.