RDC : La prise en charge des personnes vivant avec le VIH
2 décembre 2024Dimanche 1er décembre, dans la matinée, Esther Kavugho arrive à l'hôpital général de Beni. Fiche à la main, elle vient récupérer un nouveau stock d'antirétroviraux. Esther Kavugho vit à Beni et c'est en 2002 qu'elle a été testée positive au VIH. Depuis lors, elle a été soumise à un traitement. Aujourd'hui elle témoigne d'une l'amélioration de son état sanitaire depuis qu'elle prend les antirétroviraux.
"Je vis avec le VIH depuis plus de 20 ans, avant de connaître mon état sérologique, j'étais toujours malade, mais quand on m'a annoncé que j'avais le VIH, les médecins et infirmiers m'ont conscientisé à la prise des médicaments. Les soins sont gratuits et depuis toutes ces années je respecte beaucoup les prescriptions médicales. Aujourd'hui je me sens bien, j'ai repris mon travail et ma vie a changé. C'est vraiment très important de connaître son état sérologique. Ça vous permet de veiller à votre santé mais aussi à protéger les autres.", rassure-t-elle.
"Ce n'est pas la fin du monde"
Des associations des personnes vivant avec le VIH ont été ainsi mises en place dans des hôpitaux de la ville. Le but est de faciliter les rencontres et l'échange d'expériences entre les PVV.
Désanges Malikidogo, une autre femme vivant avec le VIH, elle était également passée deux jours avant pour récupérer son médicament à l'hôpital de la ville. Elle témoigne que les rencontres avec les autres l'ont réconforté. Désanges a ainsi accepté son état et a appris à vivre avec.
"Être atteint du sida, ce n'est pas la fin du monde, bien sûr que ce n'était pas facile d'accueillir la nouvelle, mais au fur et à mesure que je fréquentais l'association, je rencontrais d'autres personnes vivant avec le VIH et j'ai compris que je n'étais pas la seule. Et c'est grâce à ces associations que j'ai appris à être résiliente, à ne plus être repliée sur moi-même, mais d'aller mener des sensibilisations vers ceux et celles qui continuent de se cacher comme moi auparavant. Pourtant c'est en se cachant qu'on meurt tôt. Regardez-moi, je vis avec le VIH depuis 2003, mais je suis en bonne santé !", a dit Malikidogo.
Sensibiliser les femmes et les jeunes
Dans la région de Beni, les femmes sont plus exposées au VIH. En zone de santé d'Oicha, par exemple, sur 700 malades du VIH, 75 pourcent sont des femmes. Jeannot Kalivwa, superviseur de la zone, reconnaît des avancées significatives dans la prise en charge des malades, il déplore cependant, le fait que nombreux malades abandonnent le traitement suite aux croyances religieuses.
"La difficulté que nous avons est que certains malades sont désorientés par des maisons de prière. Des gens qui se font passer pour des « prophètes », disent souvent aux malades qu'ils peuvent prier et le VIH va s'éliminer dans son corps, le malade arrête ainsi le traitement et après il y a réactivation de la maladie. Nombreux arrivent à l'hôpital au stade tardif et ils meurent.", déplore Kalivwa.
Selon les statistiques de la sous-coordination sanitaire au nord de la province du Nord-Kivu, au moins 12 mille personnes sont atteintes du VIH. Leur âge varie entre 15 et 49 ans et la majorité se trouve en milieu urbain.
La région compte 4 millions 800 habitants répartis dans 17 zones de santé. Le coordonnateur du programme national de lutte contre le sida dans la zone demande plus de moyens afin de renforcer la sensibilisation au dépistage volontaire et à l'adhésion au traitement afin de limiter les contaminations.