Les Rohingyas à la dérive
29 mai 2015Ces dernières semaines, plus de 3.500 migrants affamés sont arrivés par la mer en Thaïlande, en Malaisie et en Indonésie. Pas plus tard que ce matin, la marine birmane a intercepté un bateau de pêche transportant 700 personnes, officiellement des "Bangladais". Selon les Nations unies, plus de 2.000 personnes seraient encore à la dérive au large des côtes thaïlandaises.
Des clandestins abandonnés en mer
La crise des boatpeople a pris des proportions alarmantes depuis que la Thaïlande a adopté début mai des mesures répressives contre les trafiquants qui acheminaient depuis des années des milliers de candidats à l'exil par le sud du pays. Ces mesures ont été prises suite à la découverte de fosses communes dans la jungle thaïlandaise. Elles ont entraîné un changement de stratégie de la part des passeurs qui convoient désormais la plupart des migrants par voie maritime. Certains bateaux réussissent à atteindre l'Indonésie et la Malaisie, mais la plupart des clandestins sont tout simplement abandonnés en haute mer.
Dans leur déclaration finale, les 17 pays de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est réunis dans la capitale thaïlandaise se sont mis d'accord pour lutter contre ces réseaux de trafiquants. Ils ont également reconnu la nécessité d'"améliorer la vie des communautés" avec des "créations d'emploi" et des "aides au développement" dans les "zones à risque".
Les Rohingyas tabous en Birmanie
Mais le texte ne fait nulle part mention de la minorité musulmane des "Rohingyas", pourtant au cœur du problème actuel, mais dont la Birmanie ne veut pas entendre parler. Le pays compte environ 1,3 millions de Rohingyas qui n'ont pas de nationalité officielle. Ils n'ont pas accès aux hôpitaux ou écoles et n'ont aucune perspective d'emploi. Les Rohingyas sont régulièrement confrontés à des violences communautaires dont les plus meurtrières remontent à 2012. Environ 200 personnes avaient été tuées et 140.000 déplacées dans l'ouest de la Birmanie.
Alors que la Birmanie accuse l'Onu de la "stigmatiser" par rapport à la question des Rohingyas, le chef spirituel tibétain Dalaï Lama a appelé hier la lauréate birmane du prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, à agir davantage pour venir en aide aux Rohingyas. Jusqu'ici, l'ancienne opposante birmane, candidate aux législatives à la fin de l'année dans son pays, est restée muette sur la crise des migrants.