A Ségou, des habitants solidaires des déplacés internes
20 août 2019"Nous avons quitté notre village à cause des djihadistes. En arrivant, ils nous ont lancé un ultimatum et nous ont dit de partir. Aujourd’hui, ils ont détruit une partie de Mamba. Sinon, ils ont pillé les maisons, brûlé ou volé les récoltes, tué les animaux… ", raconte Samba Traoré.
Cet agriculteur est père de trois enfants et marié. Originaire du village peulh de Mamba, dans le centre du Mali, il a dû fuir il y a trois mois. Il n’y reste aujourd’hui plus personne.
Après cinq jours de voyage à pied puis en transports en commun, il a rejoint le centre ville de Ségou avec sa famille, à 200 kilomètres au sud de sa maison, et fait aujourd’hui partie des 22.045 personnes qui ont trouvé refuge dans la région, selon le service local du développement social de Ségou.
Mais arrivé à Ségou, aucun camp ou site de déplacés n’apparaît dans le paysage. Pour répondre à cet afflux de personnes, les autorités locales ont lancé un appel à la solidarité, demandant aux habitants de la ville d’abriter les réfugiés chez eux.
Modibo Naco, chargé de l’action humanitaire au service local du développement social de Ségou, revient sur cette initiative.
"Nous avons réuni les chefs de quartier et les différentes familles d’accueil pour héberger ces gens. Ce sont nos parents. On est obligé de les accueillir. Donc tout ce qu’on peut faire, qui est de notre devoir, volonté ou pouvoir, on le fera pour accueillir nos parents déplacés", indique-t-il.
"Le Mali, c'est l'hospitalité"
Samba et sa famille vivent aujourd’hui dans une famille d’accueil. Chez Idrissa Haidara, dans le quartier de Somonosso, au bord du fleuve Niger.
Et lorsqu’on lui demande pourquoi il accueille sept ménages chez lui, il répond comme une évidence : "Ils sont les bienvenus. Ils sont avant tout Maliens, nos amis, nos parents. Si un Malien a des problèmes, j’aurai aussi des problèmes. Le Mali, c’est l’hospitalité."
Face au regain de tension qui anime le centre du pays depuis mars, notamment avec l’attaque du village d’Ogossagou, les Maliens se serrent les coudes.
Si Idrissa, couturier de 51 ans, n’a pas les moyens de nourrir les 26 bouches qu’il accueille dans son logis, chacun se débrouille et place les gains de la journée dans le pot commun.
C’est bien sûr une solidarité qui a ses limites. En quatre mois, seulement quatre distributions de céréales ou autres besoins primordiaux ont été effectuées par les autorités ou des ONG partenaires.
Mais les habitants de Ségou n’ont pas dit leur dernier mot. Avant que la sécurité ne revienne dans le centre, un fond de solidarité a été ouvert pour venir en aide aux déplacés.