Moins de nouveaux migrants en Allemagne
8 avril 2016Environ 20.000 nouveaux arrivants ont été enregistrés au mois de mars, en Allemagne, contre 60.000 le mois précédent et 90.000 en janvier. Et même si le nombre de demandes d'asile est en forte augmentation par rapport au premier trimestre 2015, la tendance est globalement à la baisse, selon les chiffres de l'Office allemand des Migrations (BAMF). Le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière se garde toutefois d'en tirer des conclusions hâtives :
« Malgré cette évolution positive au premier trimestre 2016, il est encore trop tôt pour faire des prévisions pour l'ensemble de l'année. Cela ne serait ni sérieux, ni même possible, parce que nous ne savons pas comment l'application de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie va évoluer. Et surtout nous ignorons si d'autres routes, en particulier celle entre la Libye et l'Italie via la Méditerranée, ne vont pas s'ouvrir. »
Des mesures efficaces
En attendant, les mesures adoptées par les Européens ces derniers mois semblent porter leurs fruits. La fermeture, début mars, de la « route des Balkans » a entraîné un net recul des entrées sur le sol européen. Et cette semaine, les premiers migrants ont été renvoyés en Turquie dans le cadre de l'accord entre Bruxelles et Ankara, un accord dénoncé par les organisations de défense des droits de l'homme. En Allemagne, les centres de premier accueil se vident. Pas question pourtant de les démanteler, a précisé Thomas de Maizière, afin de pouvoir réagir en cas d'urgence.
Une aubaine pour Merkel
Le recul des arrivées tombe à pic pour la chancelière allemande, de plus en plus critiquée pour sa politique d'accueil, y compris dans son propre camp conservateur. Face à l'afflux de migrants, le parti populiste AfD a pour sa part effectué une percée historique aux dernières élections régionales. Et les actes de violences contre les centres d'accueil se sont multipliés : depuis début 2016, la police a enregistré 268 cas d'agression ou dégradation, dont une trentaine d'incendies criminels. Le dernier s'est produit cette semaine dans le sud-ouest du pays. Frank Zobel travaille pour l'organisation Ezra, qui conseille les victimes de violences racistes et extrémistes :
« Cette atmosphère raciste dans la société, dans la politique, apporte de l'eau au moulin des criminels. Ils se voient en quelque sorte légitimés de perpétrer ces actes au nom du peuple. »
Une ambiance qui a peut-être incité certains migrants à repartir: l'Office des Migrations a enregistré 5.000 départs volontaires pour le mois de février. Parallèlement, le nombre d'expulsions de demandeurs d'asile déboutés a augmenté: sur les deux premiers mois de l'année, environ 4.500 personnes ont été expulsées, soit plus du double par rapport à la même période en 2015.