Nouveau procès contre Guillaume Soro en Côte d'Ivoire
19 mai 2021La justice ivoirienne a ouvert ce mercredi un nouveau procès contre Guillaume Soro, l'ancien président de l'Assemblée nationale et 19 de ses proches. En 2020, Guillaume Soro a été déjà condamné à vingt ans de prison pour blanchiment et recel de détournements de deniers publics. L'ancien président de l'Assemblée nationale et ancien bras droit du président Alassane Ouattara est désormais poursuivi pour complot et atteinte contre l'autorité de l'Etat.
Le procureur d'Abidjan accuse Guillaume Soro d'avoir fomenté, avec 19 de ses proches, une tentative d'insurrection en Côte d'Ivoire. Guillaume Soro vit en exil depuis fin 2019 avec son avocate, l'ancienne ministre de la Communication Affoussiata Bamba, qui est également poursuivie, ainsi que son directeur de la communication Moussa Touré, lui aussi dans le collimateur de la justice ivoirienne.
Le collectif d'avocats qui défend Guillaume Soro avait dénoncé avant le procès un "simulacre (...) visant à écarter leur client et les cadres de son mouvement des affaires publiques du pays". Après l'audience d'aujourd'hui, le procès doit reprendre le 26 mai.
Nombreuses réactions à Abidjan
Un procès qui ne laisse pas indifférent dans le pays. "Alors que le pays se bat pour aller vers la réconciliation, il y a une guerre interne qui est en train de phagocyter tous les éléments clefs de la rébellion qui a porté monsieur Ouattara au pouvoir", estime un habitant d'Abidjan. "C'est triste pour notre nation, c'est triste pour Soro et ses hommes. C'est l'histoire qui se répète. La rébellion finit toujours par emporter ses enfants.‘'
Clément et Wilfried, deux partisans de Guillaume Soro, vont même plus loin. Ils pensent que ce procès est politique. "Son seul péché aujourd'hui c'est d'être présidentiable", assure Clément. "C'est un véritable assassinat de la démocratie que de poursuivre Guillaume Soro et de le contraindre à l'exil. C'est honteux pour le président Ouattara car lui-même a eu ses droits civiques et politiques grâce à Guillaume Soro.''
À côté de lui, Wilfired parle de "mise en scène" et dit ne rien attendre de ce procès. "Nous savons déjà que les dés sont pipés, nous savons qu'il n'y a rien de sérieux dans tout ce qui est en train d'être fait.''
"Justice à deux visages"
L'analyste et journaliste André Silver Konan rappelle lui que les prévenus ont été détenus près de dix-huit mois avant d'avoir droit à un procès. "C'est une procédure qui court depuis décembre 2019 et aujourd'hui nous sommes en mai 2021", précise-t-il.
"Et puis il y a ce que je considère comme une justice à double visage : pour les mêmes chefs d'accusation, la plupart des détenus qui comparaissent aujourd'hui ont été arrêtés au cours d'une conférence de presse en marge du retour raté de Guillaume Soro en Côte d'Ivoire." Des éléments qui ne rassurent pas selon-lui.
Sept autres compagnons de Guillaume Soro ont été jugés vendredi dernier en correctionnelle pour diffusion de fausses nouvelles et troubles à l'ordre public. Ils ont été condamnés à neuf mois de prison avec sursis.
Le procès de Guillaume Soro s'inscrit dans un climat politique particulier après le retour d'exil de plusieurs proches de l'ancien président Laurent Gbagbo, dont le retour est actuellement en pleine négociation.