La RDC réagit aux accusations contre le Rwanda et l'Ouganda
9 juillet 2024Lors de son briefing devant la presse ce lundi soir (08.07.2024), diffusé sur la télévision nationale, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, affirme que le gouvernement est préoccupé par les affirmations des experts des Nations unies, tout en assurant que la question sera suivie de près.
"Evidemment nous sommes préoccupés par ce rapport, nous sommes aussi préoccupés par des sources de nos propres services qui indiquent aussi des tendances similaires. Je pense que dans le cadre de nos liens qui existent entre la République démocratique du Congo et l'Ouganda, les liens bilatéraux assez solides que nous avons, nous allons soulever la question à travers le canal diplomatique évidemment, qui est le mien, mais aussi à travers d'autres canaux", dit Thérèse Kayikwamba.
Les renseignements congolais avaient prévenu
Les experts de l'Onu disent avoir eu confirmation que des membres des services des renseignements de l'Ouganda accordent un "soutien actif" à la rébellion du M23 qui contrôle une partie du territoire congolais.
Par ailleurs, des militaires rwandais transitent par l'Ouganda avec leurs munitions pour venir aider le M23, indique le rapport qui révèle aussi que les responsables de la rébellion résident le plus souvent en Ouganda, où ils tiennent aussi régulièrement leurs réunions.
Des affirmations pas tout à fait surprenantes pour la cheffe de la diplomatie congolaise pour qui, les renseignements congolais indiquent aussi des tendances similaires.
"Le gouvernement congolais est très naïf"
Wanny Rugamika une observatrice de la vie socio-politique congolaise, estime que le gouvernement devait de lui-même dénoncer ce soutien depuis longtemps.
"En tout cas, je pense que le gouvernement congolais est très naïf dans sa façon de gérer la question sécuritaire dans l'est du pays. Imaginez depuis la chute de Bunagana en 2021, les rebelles du M23 séjournent en Ouganda comme ils veulent, les militaires ougandais viennent à Bunagana, et tout cela devrait déjà susciter l'attention de nos dirigeants", explique Wanny Rugamika.
Depuis plus de deux ans maintenant, l'armée congolaise (FARDC) mène des opérations militaires conjointes avec celle de l'Ouganda (UPDF) contre le groupe terroriste ADF dans les territoires de Beni et Lubero et en province de l'Ituri. Une coopération qui selon Josué Wallay, militant du mouvement citoyen Lucha, doit immédiatement être rompue en plus de toutes les relations diplomatiques.
"Actuellement nous devons rompre toute relation diplomatique avec l'Ouganda ainsi que le Rwanda, afin que s'il faut avoir des partenariats, qu'ils ne soient pas hypocrites avec des gens qui se comportent en chauves souris, qui nous attaquent d'un côté et se montrent amis de l'autre côté. Il faut savoir que depuis maintenant plus de 30 ans, l'Ouganda est derrière la déstabilisation de l'Est de la RDC", estime Josué Wallay.
Après leur défaite en 2013, plus de 1.500 combattants du M23 ont trouvé refuge en Ouganda où ils étaient censés être désarmés.
Lors d'une intervention ce lundi devant le Conseil de sécurité de l'Onu, Bintou Keita la cheffe de la Monusco a plaidé en faveur de solutions politiques durables pour mettre un terme à la crise dans l'est de la RDC.