Vague d'indignation après la mort de dix Congolais au Soudan
7 juin 2023Le 26 avrillorsque la DW a interrogé ce groupe de réfugiés coincés à Khartoum au Soudan, Tabin Aboubacar qui a perdu la vie le 4 juin, nous expliquait les conditions difficiles dans lesquelles il vivait avec ses cinq enfants et d’autres personnes.
Contraints de vivre dans un conteneur sans aucune ressource, il nous expliquait que ce sont des Soudanais qui leurs venaient en aide et que leur camp était sous le contrôle des soldats du dissident Hemedti. Une situation préoccupante car comme le rappelle Victoire D'Humieres, experte sur le Soudan à la Fédération internationale des droits humains (FIDH), souvent dans ce genre de conflit, les populations sont utilisées comme bouclier humain.
"Ce qui nous préoccupe aujourd’hui c’est le ciblage systématique des civils qui sont pris comme boucliers et les graves violations des droits humains à l’égard des populations civiles. Aujourd’hui, nous sommes à près de 1800 personnes tuées dans le cadre du conflit, plus de 5500 ont été blessées et on parle seulement des chiffres qui ont pu être documentés, il y a des raisons de craindre que les chiffres soient beaucoup plus élevés", explique l’experte en droits humains à la Deutsche Welle.
Les réfugiés congolais abandonnés
Dimanche 4 juin, selon le ministère congolais des Affaires étrangères, dix Congolais ont perdu la vie lors d’un bombardement qui a eu lieu aux alentours de 13h sur le campus de l’Université Internationale d’Afrique située à Khartoum.
Pour Franck Citende, Secrétaire exécutif national du Réseau national des ONG des droits de l'Homme de la RDC (RENADHOC), ce drame remet sur la table la problématique des réfugiés congolais.
Il estime que ces réfugiés sont abandonnés par l’état congolais et exige que le gouvernement s’implique de manière sérieuse pour garantir le respect des droits de l’Homme des Congolais vivant à l’extérieur mais aussi pour ceux qui vivent au Congo.
"Ces compatriotes pour des raisons de survie ont dû quitter le pays pour se rendre au Soudan à la recherche du mieux-être parce que le pays n’a pas pu leur garantir les meilleures conditions de vie", déplore Franck Citende.
Des familles congolaises coincées à Khartoum
Le ministère des Affaires étrangères congolais a également demandé aux autorités soudanaises d’ouvrir un couloir humanitaire afin de lui permettre d’évacuer les Congolais blessés et ceux qui sont encore bloqués au Soudan. Pour Franck Citende, il faudra également travailler ardemment sur l’avenir de ces familles congolaises.
"Il se posera également la question de l’indemnisation des familles, je ne suis pas sûre que cela soit suivi de manière étroite par le gouvernement pour que les familles de ces victimes puissent rentrer dans leur droit. Nous exigeons que le gouvernement s’implique de manière sérieuse pour que la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de ces compatriotes", précise Franck Citende.
Convier les civils à la table des négociations
Malgré les appels à la cessation des hostilités et les nombreuses médiations qui ont eu lieu jusque-là, la situation reste préoccupante pour les populations civiles au Soudan.
Victoire D'Humieres, experte sur le Soudan à la FIDH préconise que lors des prochaines médiations, les civiles soient invitées à la table de négociation pour tenter de mettre en place des pistes pour une sortie de crise.